En début de semaine, le directeur général d'Orange avait vivement reproché à la Commission européenne de faire le jeu de l'opérateur de transit américain Cogent dans son enquête sur les accusations de bridage proférées par ce dernier contre Orange, Deutsche Telekom et Telefónica. Pour Stéphane Richard, Bruxelles a fait preuve d'un "acharnement" déplacé.
Dans sa critique, le PDG d'Orange déplorait tout particulièrement le manque de patriotisme de l'exécutif européen. "Il est stupéfiant que la Commission se fasse ainsi le complice d'un acteur américain contre des entreprises européennes qui emploient et investissent massivement en Europe. Depuis 20 ans, Bruxelles ne sait faire qu'une seule et unique chose : de l'antitrust".
Visiblement, la sortie virulente de Stéphane Richard a fait mouche puisque la réponse du berger à la bergère n'a pas tardé. Ainsi le vice-président de la Commission européenne en charge des problématiques de concurrence, Joaquín Almunia, a riposté dans la presse pour recadrer le contexte juridique dans lequel les services bruxellois interviennent.
"C'est la règle du jeu européen. Chaque fois que la commission soupçonne un abus de position dominante, elle lance des inspections. Si elles s'avèrent positives, il y aura sanction. Sinon on refermera le dossier", rappelle-t-il au Figaro. "L'idéologie n'est pas là où il le croit, la commission n'en fait pas". Dès lors, "la réaction de Stéphane Richard est franchement curieuse".
Pour Joaquín Almunia, l'intérêt des entreprises européennes comme Orange ne se situe pas dans un éventuel blanc-seing qu'accorderait la Commission européenne pour qu'elles puissent rivaliser efficacement avec d'autres groupes à l'étranger. Il se situe dans leur compétitivité, qui ne peut s'exprimer qu'à la condition d'un strict respect des règles communautaires.
"Les entreprises européennes ne sont pas seules au monde, elles doivent améliorer leurs positions. Mais c'est impossible d'être fort hors des frontières si on est faible sur le marché européen. Le respect des règles vise précisément à rendre nos entreprises plus compétitives", conclut le vice-président, qui reconnaît néanmoins que l'absence "d'un grand marché du numérique" pénalise les acteurs européens.
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