Révélé par Edward Snowden, le programme d'espionnage de la NSA a eu des répercussions multiples, en particulier au niveau politique, diplomatique et civil. Les conséquences commerciales, un temps envisagées avec la suspension de l'accord TAFTA par les Européens en signe de protestation, n'ont en revanche pas été particulièrement vives jusqu'à présent.
Mais cela pourrait changer. Un rapport (.pdf) de l'ITIF (the Information Technology & Innovation Foundation) publié début août s'est penché sur les effets de PRISM au niveau du business de l'informatique en nuage (cloud computing). Il ressort de cette étude que les dégâts financiers pour l'industrie américaine pourraient représenter entre 22 et 35 milliards de dollars de perte sur trois ans.
La raison est évidente : les usagers actuels ou potentiels, échaudés par les divulgations de l'ancien analyste de la NSA, pourraient quitter les services américains ou différer leur conversion au cloud computing. C'est évidemment une mauvaise nouvelle pour les industriels locaux, en particulier pour les grandes firmes high-tech comme Google, Microsoft et compagnie qui se sont lancées dans l'aventure.
L'estimation de l'ITIF sur les conséquences financières de PRISM au niveau affaires américaines dans le cloud computing s'appuie sur un sondage qui s'est déroulé en juin et en juillet de cette année. Conduite par la Cloud Security Alliance, l'enquête auprès de ses membres souligne une défiance croissante à l'égard des prestations fournies par les Américains.
Ainsi, 10 % des membres étrangers du Cloud Security Alliance ont indiqué avoir annulé un projet avec une entreprise américaine. Un peu plus de la moitié (56 %) est moins disposée aujourd'hui à utiliser une solution outre-Atlantique. Les membres américains de l'alliance ont estimé à 36 % que les fuites d'Edward Snowden vont compliquer leur développement à l'international.
L'analyse de l'ITIF conclut que les entreprises outre-Atlantique pourraient ainsi perdre entre 10 et 20 % du marché hors-USA au cours des prochaines années. La fondation reste néanmoins prudente sur ces données, dans la mesure où les découvertes, relativement récentes, ont pu entraîner une réaction épidermique qui s'atténuera peut-être d'ici quelques semaines ou quelques mois.
Face à cette situation, l'ITIF a suggéré au gouvernement américain quelques pistes à suivre pour calmer le jeu. De façon générale, il est recommandé à Washington de communiquer plus précisément sur la portée de ces programmes et de faire plus de transparence quant aux requêtes gouvernementales pouvant conduire les agences fédérales à accéder à certaines informations.
En attendant, ce sont peut-être les firmes étrangères – et en particulier européennes – spécialisées dans le cloud computing qui pourraient tirer leur épingle du jeu. L'ITIF cite le cas d'Artmotion, un hébergeur suisse, qui a vu son chiffre d'affaires croître de 45 % un mois après les révélations d'Edward Snowden sur l'espionnage des communications électroniques.
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