C'est une situation inconfortable pour la NSA. Habituée à agir dans l'ombre, l'agence de renseignement américaine est depuis deux mois exposée à la lumière médiatique suite aux révélations d'Edward Snowden. La polémique ne s'essoufflant pas, l'organisme gouvernemental a donc opté pour une approche inhabituelle : communiquer en direction des Américains pour justifier ses missions et atténuer leur portée.
Dans un document (.pdf) de sept pages publié vendredi, la NSA s'est notamment attachée à préciser le volume de données qui est effectivement scanné chaque jour par ses services. En se basant sur les statistiques fournies par l'un des acteurs majeurs du net, il y a 1826 pétaoctets de données en circulation chaque jour. Or, la NSA affirme n'en toucher que 1,6 %.
Sur ce pourcentage, à peine 0,025 % est effectivement sélectionné pour un examen plus approfondi. D'après l'agence, les analystes de la NSA n'observent que 0,00004 % du trafic mondial quotidien pour accomplir leur mission. "Autrement dit, si un terrain de basket représentait l'ensemble des communications, la collecte équivaudrait à une surface d'une taille inférieure à une pièce de 10 centimes".
Les données chiffrées de la NSA, invérifiables, sont par ailleurs accompagnées d'affirmations sujettes à caution. Dans son communiqué, l'agence américaine clame ne pas se servir de ses partenariats étrangers avec d'autres services de renseignement pour effectuer des missions ou obtenir des informations qu'elle ne pourrait pas faire ou avoir dans le cadre de la loi des États-Unis.
Selon la NSA, des accords avec les services de 30 pays ont été tissés au fil des ans. "Ces partenariats représentent une part importante de la défense américaine et alliée contre les terroristes, les cyber-menaces et les autres périls qui pèsent sur notre sécurité individuelle et collective".
Ainsi, même à supposer que la NSA ne couvre effectivement que 1,6 % du trafic Internet quotidien, elle peut compter sur le travail de ses homologues, ce qui lui permet virtuellement d'avoir une plus grande vision de ce qui se passe en ligne, en capitalisant sur les informations circulant entre les agences partenaires, via notamment le traité UKUSA et les pays partenaires de deuxième et troisième niveau.
L'enjeu n'est toutefois pas tant de savoir si la NSA analyse un pourcentage plus ou moins élevé du trafic Internet que de savoir jusqu'où la surveillance peut aller (e-mails, tchats, réseaux sociaux, etc). Par ailleurs, la présentation des données sous forme de fractionnement est sournoise car elle permet de donner l'illusion d'une surveillance du net finalement assez faible.
Or, même si la NSA ne s'intéresse prétendument qu'à 1,6 % de 1826 pétaoctets de données Internet quotidienne, il n'en demeure pas moins que cela représente un volume d'information tout à fait considérable (environ 29,2 pétaoctets).
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