L'année dernière, nous avions relayé la proposition de Tim Bray consistant à créer un nouveau code HTTP. Placé au numéro 451, en hommage au célèbre au roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451, ce code aurait eu pour rôle d'indiquer à l'internaute que la ressource numérique qu'il cherche à atteindre est inaccessible (comprendre : bloquée) pour des raisons judiciaires.
Ce printemps, Tim Bray a indiqué que sa proposition d'un code HTTP 451 n'avait pas encore progressé au sein de l'IETF (Internet Engineering Task Force), qui est le collectif chargé d'élaborer les standards du net. Cependant, il a noté à l'époque un intérêt de la part de la fondation Mozilla pour cette suggestion. L'idée a depuis fait du chemin et conquis en particulier l'ONG britannique Open Rights Group.
Il faut savoir que le Royaume-Uni connaît une phase politique un peu particulière, puisque le premier ministre David Cameron est engagé dans une campagne contre la pornographie. Il est en particulier favorable à la mise en place d'un moyen de blocage par défaut des contenus pour les majeurs, avec le concours des moteurs de recherche et l'usage d'une liste noire pour les situations les plus graves (pédopornographie).
Ce penchant pour le blocage n'est pas limité à la pornographie et à certaines de ses composantes. Il se manifeste aussi dans le cas des plateformes d'échange de fichiers culturels, en P2P, en téléchargement direct ou via streaming. Divers sites ont été bloqués, comme The Pirate Bay, Kat.ph, Fenopy, H33t, Movie2K EZTV, YIFY-Torrents et Download4All, avec une réussite reative du fait des outils de contournement disponibles.
C'est dans ce contexte que l'ONG britannique Open Rights Group s'est rapproché de l'initiative de Tim Bray et a lancé une campagne baptisée "451 Unavailable" pour aider les FAI à faire savoir les raisons pour lesquelles les sites se retrouvent bloqués et pour encourager les tribunaux à publier des décisions conduisant au blocage de telle ou telle ressource.
"En Angleterre, [le blocage survient] surtout parce que les sites web contiennent des contenus violant le droit d'auteur", écrit Open Rights Group. "Ailleurs dans le monde, les sites web sont ciblés davantage pour leur contenu politique. Les opérateurs ne disent généralement pas pourquoi un site est bloqué et les ordonnances judiciaires sont rarement publiés volontairement".
"Donc lorsque des sites sont bloqués, c'est difficile de savoir pourquoi", ajoute l'ONG, qui souhaite braquer un peu de lumière sur la censure en ligne. Cela ne permettra pas directement de la lever, mais permettra aux militants, aux défenseurs des libertés publiques et aux internautes de mieux comprendre les raisons de la censure, tout en leur donnant des outils pour la combattre, puisque mieux cernée.
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