La Russie est à nouveau suspectée de fomenter des cyber-attaques durant les prochaines élections européennes — le scrutin des législatives allemandes. La chancelière Merkel y jouera son quatrième mandat, et en tant qu’adversaire brutal de la Russie, la cheffe d’État serait dans le viseur des hackeurs du Kremlin. C’est du moins la peur qui traverse les fonctionnaires en charge de la sécurité du vote.
Une cible habituelle
Alors que l’Allemagne a été attaquée à plusieurs reprises par des groupes de hackers, la tension se fait ressentir à la veille des législatives. Ainsi Pawn Storm, groupe russophile, est toujours accusé d’attaques ayant eu lieu au printemps et ciblant deux think tanks politiques, l’un affilié à la droite, l’autre à la gauche, mais également d’autres cyber-frappes prenant place en 2015 et 2016.
Ces attaques ont renforcé le sentiment que l’Allemagne serait une cible privilégiée des hackers, poussant le BfV, service secret allemand, à adopter une posture défensive. Hans-Georg Maassen, à la tête de l’office des services explique à Bloomberg ce week-end : « Il y a de plus en plus de preuves d’une volonté d’influencer les élections. Nous nous attendons à une recrudescence des cyber-attaques à l’approche du vote » précise l’espion.
La chancelière Merkel s’est par ailleurs montrée particulièrement pro-active en matière de lutte contre les influences étrangères. Au lendemain de la victoire de Donald Trump, la république allemande était parmi les premiers contempteurs des réseaux sociaux et des fake news.
Le couple franco-allemand face à la cybersécurité
La crainte répandue de l’autre côté du Rhin est de voir l’AfD, extrême-droite, favorisée par une stratégie ourdie depuis le web par des russes ou autres. Toutefois, le nombre de russophones habitant en Allemagne (2,5 millions) fait également craindre des tentatives d’influence sur cette communauté à travers des médias dédiés.
Derrière cette peur, il y a bien sûr l’idée d’un scénario Trump. Angela Merkel étant l’une des plus puissantes opposantes à Vladimir Poutine, son éviction au profit de l’extrême-droite favoriserait l’influence russe sur l’Europe. Toutefois, la mise en œuvre de la victoire de l’AfD semble exiger plus qu’une cyber-attaque.
Apprenant des échecs français et américains, les experts de l’agence pour la sécurité informatique allemande ont déjà embauché plus de 180 personnes, des juristes en passant par des développeurs, pour s’atteler à la sécurisation de l’élection à venir. En mai, la BSI échangeait avec l’ANSSI sur les attaques en France et les contre-mesures mises en place : sur ce terrain, la coopération européenne semble l’emporter.
Les Allemands sont néanmoins visiblement plus inquiets et plus préparés. Après la fuite, en 2015, de 16 Go de données du parlement, la classe politique a appris plus rapidement les conséquences d’une cyber-sécurité hésitante.
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