Ces dernières années, de nombreuses administrations se sont converties au numérique. La police nationale n'y échappe pas : en plus d'avoir ouvert des comptes sur plusieurs réseaux sociaux, les forces de l'ordre proposent depuis quelques mois aux citoyens de remplir une pré-plainte en ligne via Facebook ou directement sur le site web dédié pour signaler un vol, une escroquerie ou une dégradation.
Mais que faire lorsque c'est la police elle-même qui fait défaut ? Dans ce cas, c'est vers l'inspection générale de la police nationale (IGPN) qu'il faut se tourner. Celle-ci a mis en place une plateforme de signalement chargée de recueillir la déposition ou le témoignage de tout citoyen confronté à tout "comportement susceptible de mettre en cause des agents affectés dans un service de la police nationale".
L'IGPN met toutefois en garde : le formulaire n'a pas vocation à être un défouloir contre les forces de l'ordre. Il est ainsi rappelé que le code pénal sanctionne "toute dénonciation mensongère" et que, le cas échéant, le ministère de l'intérieur transmettra "systématiquement" les abus à l'autorité judiciaire avec à la clé une éventuelle plainte (5 ans de prison et 45 000 euros d'amende maximum).
Une initiative critiquée
Mis en ligne ce week-end, le dispositif n'a pas manifestement convaincu les tenants du mouvement copwatch, dont la mission est de dénoncer et de médiatiser les dérapages et les violences policières par le biais de photographies et de vidéos. Sur le site Copwatch.fr, il est ainsi rappelé que l'IGPN "est composé de policiers, ce qui n'est pas un gage d'indépendance" et que le service dépend du ministère de l'intérieur.
Copwatch.fr estime par ailleurs que la plateforme de l'IGPN est "une copie conforme de la démarche du copwatching", à ceci près que l'identité des policiers mis en cause n'est pas exposée publiquement. Le site rappelle également que l'IGPN, surnommé la police des polices, a déjà été épinglé par l'ONG Amnesty International dans un rapport publié en 2009.
Selon le document de l'ONG, ce système "favorise l'impunité des policiers accusés de ces actes. Les enquêtes internes par les organes chargés de faire respecter la loi ne témoignent pas d'une indépendance et d'une impartialité suffisante. Et d'ajouter que "souvent, les victimes qui essaient de se plaindre sont accusées en représailles d'avoir commis un délit d'outrage en insultant les policiers".
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