Après les affaires, la politique ? Dimanche, Kim Dotcom a confirmé dans un tweet son intention de fonder un parti politique en Nouvelle-Zélande. À travers cette démarche très personnelle, l'homme d'affaires germano-finlandais, célèbre pour avoir fondé MegaUpload, s'inscrit en réalité dans un mouvement plus général où ceux suspectés de favoriser le piratage s'intéressent de manière croissante à la politique.
Pour l'heure, le projet de Kim Dotcom est encore à construire. Comme il le reconnaît lui-même, son idée est à l'état embryonnaire. La création d'une nouvelle structure politique prend beaucoup de temps et est parsemée d'embûches. L'histoire du parti pirate français l'illustre bien : en 2009, on comptait jusqu'à trois mouvements distincts. il a fallu du temps aux militants pour s'organiser.
Ce n'est donc pas demain la veille que l'on verra le patron de Mega rivaliser à la télévision néo-zélandaise avec les autres chefs de file des principaux partis politiques dans l'espoir de séduire l'électorat. Ainsi, à supposer que les élections législatives néo-zélandaises de 2014 soient trop proches, les suivantes pourraient bien être les bonnes pour se lancer dans le grand bain.
Les thématiques défendues par le futur parti de Kim Dotcom restent également à déterminer. Porteront-elles sur des sujets proches de ceux mis en avant par le parti pirate ? Ou bien l'ancien chef de MegaUpload se concentrera-t-il sur un sujet plus spécifique à la Nouvelle-Zélande, mais lié à la vie privée, à savoir l'affaire des écoutes illégales qui ont débouché sur les excuses du premier ministre John Key ?
Le tacle du premier ministre John Key
John Key, justement. Le Telegraph rapporte dans son édition de lundi le tacle du premier ministre à l'égard des projets de Kim Dotcom, qui ne pourra pas se présenter lui-même aux élections (il faut être un citoyen néo-zélandais). John Key, désireux d'obtenir un troisième mandat, a estimé que Kim Dotcom devrait baptiser son mouvement le parti "sans espoir".
"Cette initiative est exactement tout ce que nous avons vu de sa part. […] Il dispose de très bons attachés de presse, nous verrons où tout cela va le mener", a-t-il poursuivi. Pour cela, il faudra attendre le 20 janvier prochain, jour où Kim Dotcom lancera un site web contenant les principaux points de son programme politique. C'est aussi à cette date que le raid contre MegaUpload a eu lieu. Tout un symbole.
Agir à l'intérieur du système politique
Le désir de Kim Dotcom de se frotter à la classe politique néo-zélandaise illustre une tendance de fond, où les geeks en général et les internautes adeptes du piratage en particulier s'intéressent à la chose politique pour défendre leur point de vue. En France, la loi Hadopi a poussé de nombreux technophiles à suivre les débats et a y participer très activement. On se souvient aussi des manifestations contre DADVSI.
En la matière, l'exemple typique des technophiles et adeptes du libre partage se lançant en politique reste le parti pirate. Le mouvement est aujourd'hui présent dans des dizaines de pays, même si toutes les branches locales ne sont pas enregistrées ou affiliées au Parti pirate international. Et l'action du parti pirate n'est pas vaine : quelques scrutins municipaux, législatifs et européens ont été remportés.
Agir sur le plan politique n'est évidemment pas un long fleuve tranquille et le jugement peut parfois être sévère. Au désir de rester intransigeant sur les principes s'oppose le pragmatisme pour être efficace, quitte à revoir ses prétentions à la baisse, à se positionner sur des sujets délicats à trancher ou surprendre ses sympathisants par des décisions inattendues.
Avant Kim Dotcom, d'autres personnalités
Le cas de Kim Dotcom n'est pas isolé. Il existe au moins un autre précédent d'une personnalité, fréquemment associée au piratage, se lançant en politique. Il s'agit de Peter Sunde, alias Brokep, le porte-parole de The Pirate Bay. Celui-ci a en effet indiqué ce printemps son intention de se présenter aux élections européennes de 2014 en portant les couleurs du Parti pirate finlandais, sans toutefois y adhérer.
Le cas de Julian Assange, bien qu'éloigné des thématiques liées à la propriété intellectuelle, mérite également d'être mentionné. Le porte-parole de Wikileaks a ainsi annoncé l'an dernier son intention d'être candidat aux élections fédérales australiennes de 2013, qui ont lieu le week-end prochain. Bien que coincé dans l'ambassade équatorienne à Londres, son parti (Wikileaks Party) est effectivement en lice.
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