Sony a décidé que la PlayStation 4 arrivera le 22 février au Japon, trois mois après l'Europe et les USA. C'est la première fois que l'entreprise nipponne favorise l'Occident au détriment de l'archipel. Cette décision est toutefois fondée sur une observation stratégique du marché mondial du jeu vidéo.

C'est une révolution dans l'histoire de Sony. Pour la première fois, la carrière commerciale de la prochaine PlayStation ne commencera pas par le Japon. Le géant nippon de l'électronique grand public a révélé lundi à Tokyo la date de sortie de la PS4 dans l'archipel. Surprise générale : la console sera disponible le 22 février 2014, soit environ trois mois après l'Europe et l'Amérique du Nord.

Jamais cela ne s'était produit auparavant. Lorsque la PlayStation a vu le jour, Sony avait d'abord servi le Japon (décembre 1994) avant de satisfaire l'Occident (septembre 1995). Cet ordre a ensuite été respecté pour les deux autres consoles, même si les écarts entre les lancements se sont réduits : quelques mois concernant la PS2, quelques semaines ou quelques mois concernant la PS3.

La PlayStation 4 bouleverse cette approche. Les États-Unis seront servis en premier (15 novembre), suivis de l'Union européenne et de l'Australie (29 novembre). Le Japon sera le dernier grand marché à être livré. Cette décision décevra sans doute les Japonais qui souhaitaient acquérir la console avant les fêtes de fin d'année, mais elle s'explique de deux manières.

Moins de clients au Japon qu'en Occident

D'abord, la taille des marchés concernés. L'Union européenne compte environ 500 millions d'habitants, les États-Unis 315 millions et le Japon 130 millions. Il n'est pas inconcevable de penser que le nombre de clients potentiels dans chaque zone géographique est proportionnel à celui de l'ensemble de la population. D'ailleurs, il y a historiquement eu toujours plus d'acheteurs de PlayStation en Occident qu'au Japon.

La PlayStation première du nom s'est vendue à plus de 19 millions d'exemplaires au Japon, mais a dépassé la barre des 35 millions aux USA et en Europe. Idem pour la PS2, où les performances commerciales de la console étaient deux fois meilleures en Occident (plus de 50 millions de chaque côté de l'Atlantique) qu'en extrême-orient (environ 23 millions). Même chose pour la PS3, avec un écart de un à trois.

De ce point de vue, Sony a tout intérêt à satisfaire en priorité les marchés les plus vastes. D'une part, parce que les fêtes de fin d'année approchent et que cette période est propice pour engranger très vite des ventes élevées. D'autre part parce que cela évite de laisser le champ libre à Microsoft, dont la Xbox One devrait obtenir un succès équivalent à la PS4 en Europe et aux USA.

Le désintérêt du Japon pour la Xbox

L'attitude des joueurs face à l'offre vidéoludique est le second critère sur lequel Sony a fondé sa décision : si la Xbox One et la PS4 suscitent un engouement assez similaire en Occident, la situation est très différente au Japon puisque les joueurs n'apprécient pas les consoles vendues par Microsoft. Les ventes, en tout cas, sont loin d'égaler celles de la PlayStation au Japon ou celles obtenues par l'entreprise ailleurs.

Lors de la mise en vente de la première Xbox, il s'est vendu moins d'un million d'unités dans l'archipel. La console affrontait alors la PS2, dont les chiffres sont rappelés ci-dessus. En Europe, la Xbox s'est écoulée à 7 millions d'exemplaires. Le double aux USA. Concernant la Xbox 360, même constat : à peine 1,6 million d'unités vendues, contre 24 millions en Europe et 40 millions aux USA.

Qu'est-ce que cela veut dire ? Que le Japon est un territoire acquis à Sony. Microsoft n'a jamais réussi – jusqu'à présent en tout cas – à percer sur ce marché. Autrement dit, Sony fait le pari que même s'il ne sert pas le Japon en premier, les clients ne se rabattront pas pour autant sur la Xbox One. Ce nouveau calendrier ne leur plaira pas, mais ils choisiront quand même une PS4 lorsque la console sortira.

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