C’est une voix qui compte lorsque le net est en débat, mais sera-t-elle entendue ? Au moment où la neutralité du net est mise en danger aux États-Unis, Tim Berners-Lee tente de mettre sa notoriété dans la balance pour relancer la mobilisation en faveur de ce principe essentiel des réseaux. Car le Britannique de 62 ans n’est pas n’importe qui : c’est lui qui a inventé le world wide web.
Dans une tribune publiée jeudi 22 juin dans le Wall Street Journal, Tim Berners-Lee appelle à la mobilisation générale pour le 12 juillet prochain, date à laquelle aura lieu une journée d’action en faveur de la neutralité du net (de nombreuses entreprises vont participer, dont Netflix, Twitter ou encore PornHub). « Allons-nous nous battre durement pour le web que nous voulons ? », demande-t-il.
La philosophie de la neutralité du net est d’une totale limpidité : tout le trafic qui circule doit être traité de manière égale, c’est-à-dire sans discrimination, limitation ou interférence, qu’importe le destinataire, l’expéditeur, le type, le contenu, l’appareil, le service ou l’application. Ce principe permet d’éviter par exemple qu’un fournisseur d’accès privilégie son offre de SVOD au détriment d’une solution concurrente.
Ses avantages sont évidents : « la neutralité des réseaux est essentielle pour assurer une concurrence équitable et ouverte dans les contenus et stimuler la croissance de l’Amérique à l’ère numérique », écrit Berners-Lee. « Le futur de l’innovation, de la liberté d’expression et de la démocratie outre-Atlantique dépendent de règles sur la neutralité du net qui soient fortes et appliquées », ajoute-t-il.
Le futur de l’innovation, de la liberté d’expression et de la démocratie dépendent de la neutralité du net
Mais surtout, au-delà de l’appel à la mobilisation générale, l’inventeur du web lance une vive charge contre les opérateurs qui, de par leur rôle particulier dans l’accès à Internet (sans eux, le grand public serait hors ligne), sont techniquement en mesure de décider ce que les internautes peuvent voir ou non et comment. Or, aux États-Unis, les opérateurs sont notoirement opposés à la neutralité du net.
« Est-ce que nous voulons d’un web où les opérateurs déterminent les gagnants et les perdants sur le net ? Où ils décident quelles sont les opinions que nous lisons, quelles idées créatives réussissent ? Ce n’est pas le web que je veux. Et à en juger par le soutien en faveur du maintien de la neutralité du net dans les sondages d’opinion, ce n’est pas non plus le web que vous voulez », relève-t-il.
Reste à savoir si ce que les enquêtes révèlent se traduira par des actions effectives en faveur de la neutralité du net. Berners-Lee a en tout cas bien compris à qui il fallait s’adresser dans cette bataille : aux leaders et aux entrepreneurs. Sa tribune n’a en effet pas été publiée n’importe où : c’est dans le Wall Street Journal qu’elle l’a été, un journal dédié à la finance et à l’économie, très lu outre-Atlantique.
Bien sûr, la problématique de la valeur n’est pas la seule raison pour laquelle il convient de soutenir la neutralité du net. Mais peut-être cet argument est-il celui qui est le plus capable de toucher ceux qui peuvent être potentiellement décisifs dans les mobilisations à venir et apporter un contrepoids à la puissance financière des principaux opérateurs américains, qui dépensent des millions de dollars en lobbying.
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