« Ce que nous sommes venus voir ici, c’est comment améliorer la qualité de service offerte par une administration aux citoyens ». Tel était donc, d’après le premier ministre Édouard Philippe lui-même, le motif de son déplacement officiel en Estonie les 28 et 29 juin. Car, a-t-il lancé lors d’un point presse, « l’exemple estonien en matière d’e-administration est absolument impressionnant ».
Et c’est sur cet exemple que le gouvernement entend s’appuyer. « [Les autorités] ont fait de l’Estonie un pays de référence, probablement le pays de référence », a expliqué le chef de l’exécutif. Mais pas question de décalquer les pratiques estoniennes sans tenir compte des spécificités françaises : « nous sommes venus nous en inspirer, nous sommes venus apprendre, nous ne sommes pas venus copier », a-t-il insisté.
Le premier ministre a également tenu à insister sur un point : l’administration électronique n’est pas le cheval de Troie d’une réduction d’effectifs : « il ne s’agit pas de trouver dans l’e-administration les moyens pour transformer telle ou telle question relative aux effectifs », a-t-il affirmé. « Il s’agit d’apporter et de chercher à apporter un service supplémentaire […] aux usagers et aux administrés ».
La menace que peut représenter l’administration électronique sur le personnel travaillant pour le service public n’est pas une vue de l’esprit : c’est un risque très réel. En permettant aux administrés de faire un certain nombre de démarches seuls et à distance, des postes dans l’administration sont susceptibles de devenir superflus tôt ou tard. Il pourrait y avoir moins besoin de personnes aux guichets, par exemple.
Le développement de l’e-administration soulève également une autre problématique : celle de l’égalité d’accès aux services publics et, indirectement, celle de la cohésion sociale. Si la population vivant dans les zones urbaines ne verra aucun souci à voir le développement de l’administration électronique prendre de l’ampleur, celle en province est susceptible d’avoir un avis plus nuancé du fait de la désertification rurale.
Bien avant la généralisation d’Internet, ce phénomène produisait déjà certains effets néfastes, à commencer par la raréfaction des praticiens dans les campagnes. Mais depuis, grâce à la démocratisation du réseau des réseaux, des parades techniques ont pu être envisagées et mises en place : la télémédecine par exemple peut aider à désenclaver des régions reculées et faiblement peuplées.
L’e-administration peut-elle aussi être une alliée des zones rurales ? Sans doute. Mais mal maitrisé, ce mouvement pourrait aussi porter un coup de canif dans le pacte social, qui dit que l’État doit aussi assurer non seulement un accès égal aux services publics mais aussi leur proximité vis-à-vis des administrés, quel que soit l’endroit du territoire où ils se trouvent.
Ce qu’il ne faut pas laisser se développer avec l’e-administration, c’est la concentration des agents publics dans les endroits peuplés, qui pourrait se manifester au nom de la rigueur budgétaire et au prétexte d’une optimisation du service public, tandis que la population vivant loin des grands centres urbains n’aura plus droit qu’à un site web pour traiter avec le service public. Ce qui est pour le moins déshumanisant.
Le programme de Macron
Dans son programme politique pour l’élection présidentielle, Emmanuel Macron déclare que « d’ici 2022, 100 % des démarches administratives pourront être effectuées depuis Internet – sauf première délivrance des documents d’identité officiels. Par exemple, il sera possible pour le citoyen de faire une demande de procuration électorale sans se rendre au commissariat ».
Le président de la République, veut également l’équivalent du site impots.gouv.fr pour la justice, « avec portail unique d’accès », de façon à ce que chacun puisse trouver « toutes les informations pratiques et la jurisprudence applicable », lancer une action en justice, transmettre des pièces ou envoyer une requête ainsi que suivre l’avancement de leur dossier.
Le chef de l’État plaide enfin pour un « compte citoyen en ligne qui rassemblera sur une même interface tous les droits, notamment ceux liés à la santé, à la trajectoire professionnelle, à la formation, à la situation fiscale, aux droits civiques ». Il s’agit selon lui de faciliter « les relations avec l’administration, et permettra d’avoir plus facilement l’information », à travers un point unique d’accès.
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