Si Donald Trump est connu pour son utilisation pour le moins atypique de Twitter, le président des États-Unis a franchi un cap ce dimanche 2 juillet en postant une vidéo détournée de lui datant de 2007, qui mérite, aux yeux de la chaîne CNN, directement ciblée, qu’on s’interroge sur son respect des règles d’utilisation de la plateforme, celle-ci interdisnt toute promotion de la violence.
Selon Twitter, le président ne fait là rien d’interdit : bien que la plateforme se soit refusée à commenter le tweet, elle s’est penchée dessus et l’a conservé en ligne, signe qu’il ne viole pas selon elle ses conditions d’utilisation.
Dans cette séquence soigneusement chorégraphiée il y a 10 ans, soit à l’époque où était encore une simple star milliardaire de téléréalité grâce à son émission The Apprentice, le magnat saute sur le catcheur Vince McMahon, au pied d’un ring, pour le rouer de coups. La version modifiée postée par Trump ce dimanche 2 juillet remplace le visage du catcheur par le logo de CNN, la chaine de télévision américaine qu’il accuse de proférer des « fake news » à son encontre, et inclut des hashtags ironiques (« #FraudNewsCNN », du surnom qu’il a donné à la chaîne la veille, toujours sur Twitter, et « #FNN » pour « Fake News Network »).
« Il va faire tuer quelqu’un dans les médias »
CNN, qui est la cible de longue date de Donald Trump, n’a pas manqué de réagir à cette énième attaque dans un communiqué : « C’est un jour triste quand le président des États-Unis appelle à la violence contre des journalistes. […] Nous faisons notre travail. Il serait temps que Trump commence à faire le sien. »
Le compte de l’équipe communication de CNN répondait par ailleurs directement à la vidéo de Trump en citant ironiquement une déclaration de Sarah H. Sanders, la porte-parole adjointe de la Maison Blanche, en date du 29 juin : « Le président n’a jamais encouragé, sous quelque forme que ce soit, l’usage de la violence. C’est même tout le contraire. » Ana Navarro, journaliste de CNN, n’a en revanche pas caché son inquiétude au micro d’ABC : « Je pense que c’est inacceptable. Le président des États-Unis va beaucoup trop loin. C’est un appel à la violence. Il va faire tuer quelqu’un dans les médias. »
Tom Bossert, conseiller en charge de la Sécurité intérieure, a pour sa part tenté de minimiser le tweet : « Personne ne considérerait cela comme une menace. » Au sein de CNN, certains ont également défendu le tweet, comme l’intervenante politique Kayleigh McEnany, qui affirme qu’elle aurait même encouragé le président à poster cette vidéo si elle faisait partie de son équipe : « Je pense que c’était vraiment pour plaisanter. [Ce n’est] rien de bien sérieux. »
Twitter, qui se refuse à tout « commentaire sur les comptes personnels, pour des raisons de sécurité et de confidentialité », a toutefois rappelé ses règles à The Hill : « Il est interdit de promouvoir la violence ou d’attaquer directement d’autres personnes par rapport à leur couleur de peau, leur origine, leur orientation ou identité sexuelle, leur croyance religieuse, leur âge, leur handicap ou maladie. Nous n’autorisons pas non plus les comptes dont le but premier est d’appeler à nuire à autrui en se basant sur l’une de ces catégories. »
Trump vante son utilisation « moderne » des réseaux sociaux
Fin juin, Trump avait déjà créé la polémique en s’attaquant sur Twitter à une journaliste de MSNBC, Mika Brzezinski, dont il avait moqué le « faible niveau de QI » et le physique, affirmant qu’elle « saignait salement d’une opération de chirurgie esthétique au visage » lors de leur rencontre en janvier 2017.
Le président américain est convaincu d’avoir été élu en partie grâce aux réseaux sociaux — une hypothèse difficilement vérifiable dont s’excuse toutefois le cofondateur de Twitter. Donald Trump le répétait encore le 1er juillet sur son réseau social préféré : « Les faux et malhonnêtes médias travaillent dur pour convaincre les Républicains et les autres que je ne devrais pas utiliser les réseaux sociaux — mais n’oubliez pas que j’ai gagné l’élection de 2016 grâce à mes interviews, mes discours et aux réseaux sociaux. Je devais vaincre les #FakeNews et c’est ce que j’ai fait. Nous continuerons à GAGNER ! »
Ce jour-là, Donald Trump se défendait également dans un tweet des critiques — y compris au sein du Parti républicain — l’accusant de ne pas pas se montrer « présidentiel » sur la plateforme : « Mon utilisation des réseaux sociaux n’est pas présidentielle — elle est MODERNE.. Rendons l’Amérique à nouveau grande ! »
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