L’université de Nottingham veut éradiquer le travail forcé d’ici 2030 grâce au crowdsourcing de bénévoles. Objectif : scruter le maximum d’imagerie satellite pour repérer les endroits du globe où sont potentiellement exploités des ouvriers en position de faiblesse, dans des conditions aussi illégales que dangereuses.

« Combattre l’esclavage depuis l’espace ». C’est l’objectif poursuivi par l’université britannique de Nottingham, qui entend lutter contre le travail forcé en s’appuyant sur l’aide des internautes prêts à parcourir les données toujours plus précises de l’imagerie satellite pour repérer ces lieux d’exploitation repérables à leur(s) four(s) à briques.

Selon l’université, jusqu’à 68 % des 4,4 ou 5,2 millions d’ouvriers qui travaillent dans ce domaine en Asie du Sud sont contraints à ce travail forcé, quand près de 19 % d’entre eux ont moins de 18 ans, ce qui contrevient doublement à la loi.  L’université est persuadée de l’efficacité de sa méthode : « Ces fours à briques ont un grand potentiel car ils peuvent être suivis en quasi-temps réel du fait de leur visibilité sur les images satellite. Les ONG se basent traditionnellement sur des méthodes au sol pour trouver ces sites de travail forcé. »

Depuis son appel aux contributions du public, lancé en mai 2017, l’université se félicite d’avoir déjà obtenu 4 000 marques de lieux où enquêter potentiellement sur 396 images visionnées 5 035 fois par 15 bénévoles différents à chaque fois.

Le travail forcé, qui cible principalement des travailleurs immigrés en situation de faiblesse, n’inquiète pas seulement les ONG en Asie du Sud. Une opération de phishing a récemment visé les journalistes et humanitaires qui se penchent, au Qatar, sur les ouvriers chargés de finaliser la construction des infrastructures pour le mondial de football de 2022. 1 200 personnes auraient déjà trouvé la mort sur ces chantiers soumis à des conditions très difficiles, comparées à un esclavage moderne.

briques-2

Tirer profit de la précision de l’imagerie satellite

Si cette initiative est nouvelle dans le domaine du travail forcé, le recours à l’imagerie satellite comme base de crowdsourcing se multiplie. Le site GlobalXPlorer propose ainsi aux internautes de devenir des archéologues de l’espace en protégeant les trésors de l’humanité.

Pour Jessica Wardlaw, de l’institut géospatial de Nottingham, l’outil est crucial : « Les techniques [GPS] qui ont émergé permettent aux ONG de collecter ces données à distance. […] L’imagerie satellite n’a jamais été accessible à un prix si réduit ou gratuitement, sur des sites comme Google Maps. »

L’université de Nottingham poursuit un double objectif : sensibiliser le public au travail forcé, et mettre fin à cette pratique d’ici 2030. En espérant, au passage, inciter certains curieux à suivre les cours en ligne de l’établissement qui reviennent sur la pratique de l’esclavage.

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