Ce n'est pas une surprise, puisque dès le 7 juin 2013, au lendemain de la révélation de l'existence du programme PRISM, Numerama expliquait déjà que les Français étaient concernés par le programme d'espionnage mis en place par les Etats-Unis. Ce lundi, le journal Le Monde confirme avoir consulté des documents émanant du lanceur d'alerte Edward Snowden, qui démontrent que la France a effectivement été massivement surveillée par la NSA, ce qui ne suscite pas d'émoi particulier du côté des pouvoirs publics français.
Et pour cause. Non seulement la France opère son propre programme de surveillance à l'étranger avec Frenchelon, ce qui l'incite à mesurer son indignation, mais en plus les états ont tout intérêt à laisser faire leurs alliés, dans une certaine mesure, pour contourner leurs propres lois. En effet, alors qu'officiellement chaque pays s'interdit d'espionner ses propres concitoyens, des accords de coopération internationale permettent de détourner l'obstacle en autorisant l'échange d'informations interceptées. Chacun surveille les citoyens de l'autre, et se tient donc informé des découvertes.
Selon les informations obtenues par le Monde, la NSA surveillerait la France dans le cadre d'un programme baptisé "US-985D", avec des outils intitulés DRTBOX et WHITEBOX. "Sur une période de trente jours, du 10 décembre 2012 au 8 janvier 2013, 70,3 millions d'enregistrements de données téléphoniques des Français ont été effectués par la NSA", assure le quotidien. Dans le détail, 62,5 millions de "données téléphoniques" collectées sur cette période, et 7,8 millions "d'éléments".
"Quand certains numéros de téléphone sont utilisés dans l'Hexagone, ils activent un signal qui déclenche automatiquement l'enregistrement de certaines conversations (…) Cette surveillance récupère également les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés. Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l'historique des connexions de chaque cible", précise Le Monde.
"Les documents donnent suffisamment d'explications pour penser que les cibles de la NSA concernent aussi bien des personnes suspectées de liens avec des activités terroristes que des individus visés pour leur simple appartenance au monde des affaires, de la politique ou à l'administration française."
A la fin du mois d'août, le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire sur le programme PRISM, à la demande de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et de la Ligue des droits de l'homme (LDH). Au niveau institutionnel en revanche, le Gouvernement est resté très discret, et la CNIL s'en est remise à l'enquête ouverte au niveau européen par le G29.
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