En Chine, Honor of Kings, le jeu mobile le plus populaire du pays, qui compte 55 millions de joueurs quotidiens — loin devant les meilleures percées de Pokémon Go –, n’est visiblement pas du goût du gouvernement. Le titre, qui consiste à constituer son équipe en ligne pour affronter d’autres groupes, encourage, de par sa nature compétitive, les joueurs à y consacrer beaucoup de temps. La présence de figures historiques chinoises en tant que personnages contribue également à la grande popularité de Honor of Kings.
Les mesures prises ce lundi 3 juillet par Tencent, le géant chinois du web et éditeur du titre, pour limiter le temps de jeu des plus jeunes n’ont visiblement pas suffi à apaiser le Parti communiste chinois. Ni à faire taire les critiques qui reprochent à Honor of Kings son côté addictif.
Ce mardi 4 juillet, le site du Quotidien du peuple, l’organe de presse officiel du Parti communiste chinois, a ainsi fustigé Honor of Kings et appelé à réguler en urgence les « jeux sociaux ». Le média avait déjà par récemment qualifié le jeu de « poison », en référence à un jeu de mot en chinois répandu parmi les joueurs pour se moquer de la nature prenante du jeu, qui compte au total plus de 50 millions de joueurs. Pour le Quotidien du Peuple, l’addiction à Honor of Kings risque de porter préjudice aux « valeurs sociales ».
Un appel à réguler plus sévèrement le marché du jeu mobile
Ces critiques émanant d’un média reconnu ont entraîné une chute de 4 % de l’action de Tencent, soit la plus grande connue par l’entreprise en un an et demi.
Depuis mardi et l’entrée en vigueur des mesures adoptées par Tencent, les utilisateurs de moins de 12 ans voient ainsi leur temps de jeu limité à une heure par jour et ne peuvent pas lancer l’appli après 21 heures. Les joueurs entre 12 et 18 ans, eux, subissent une limite fixée à 2 heures quotidiennes. Sur son site, Tencent affirme que le jeu est destiné aux « 16 ans et plus » mais n’interdit pas aux plus jeunes d’y jouer. 25 % de ses utilisateurs auraient moins de 18 ans, selon l’analyste Richard Ko, cité par Reuters.
Pour son collègue Connie Gu, le timing de la réaction gouvernementale n’est pas un hasard, en pleine période de pression sur l’industrie du divertissement chinois : « Cet appel d’un média d’État à renforcer la réglementation [du milieu] est un message refroidissant pour les actions de jeu vidéo, qui pourrait provoquer des baisses sur le court terme. L’impact sur les profits dépend des mesures légales qui pourraient suivre. »
Tencent, lui, a tout intérêt à pouvoir continuer de proposer son titre quand on sait que celui-ci représente près d’un tiers de ses revenus de jeux mobiles.
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