Si le discours du Président Macron à Versailles a attiré les regards, celui du discret Edouard Philippe n’a pas fait de vague. Tradition républicaine oblige : le Premier Ministre levait le voile sur son agenda et ses priorités devant un parterre de députés. À cette occasion, le locataire de Matignon a précisé deux objectifs pour le numérique.

D’après Mounir Mahjoubi, aujourd’hui Secrétaire d’État au Numérique, pour avoir les moyens de ses ambitions pour le numérique en France, il ne faut laisser aucun mystère sur ses intentions. Il nous expliquait, alors en campagne : « Soyons clairs : la question du budget est prioritaire. Emmanuel Macron explique partout préparer une enveloppe de 50 milliards d’euros d’investissements. Pour cette somme, il donne un détail des investissements : 5 milliards sont pour le numérique. » Des mois après, que reste-t-il de tout cela dans la méthode de son Premier Ministre, M. Philippe, débauché au clan juppéiste ?

« Aucun des défis de la modernité ne doit nous effrayer »

Lors de son discours de politique générale, qui sonne toujours comme la rencontre d’un agenda législatif et la clarification des velléités gouvernementales, Edouard Philippe est revenu à deux reprises sur le numérique. L’ancien maire du Havre, dans la verve qui est la sienne, a prévenu son auditoire en guise d’introduction à ses annonces : « Aucun des défis de la modernité ne doit nous effrayer ».

F. David / Matignon

F. David / Matignon

Malicieusement, M. Philippe a d’abord introduit la promesse présidentielle de parvenir à des services publics « 100 % dématérialisés » en la faisant succéder à la question de la «trajectoire budgétaire » qui sera imposée aux mêmes services. À ce titre, l’ombre du dernier rapport de la Cour des Comptes a pesé sur le discours du Premier Ministre.

Des services publics de même qualité que le privé

Le locataire de Matignon souhaite en effet voir « des services publics numériques de même qualité que ceux du secteur marchand ». Un « objectif simple » qui sera accompli grâce à une plateforme centrale pour toutes les administrations. Celles-ci devront inscrire leurs applications sur la plateforme. En outre, une nouvelle méthode d’identification unique des citoyens sur ces services sera créée.

Une nouvelle méthode d’identification unique des citoyens sera créée

Cette déclaration rappelle à la fois un service existant, FranceConnect, et en même temps la volonté exprimée par M. Mahjoubi quant à  « l’authentification et l’identification numérique des citoyens ». C’était, toujours durant la campagne, pour le Secrétaire d’État une étape obligatoire pour amorcer les objectifs en matière de numérisation, vote électronique inclus. Il disait, tout en critiquant le fichier TES du gouvernement Cazeneuve : « [la création d’un service d’authentification est absolument nécessaire] nous ne pourrons pas avancer sur nos engagements en matière de numérisation de l’État sans revoir cette question qui a été mal traitée ».

Une nation d’intelligence artificielle

Enfin, le second volet du discours sur le numérique s’est invité durant le laïus du Premier Ministre sur l’investissement. Ce dernier a confirmé les promesses du candidat Macron : « Nous lancerons un grand plan d’investissement de 50 milliards d’euros dans les domaines de la transition écologique, du développement des compétences, de la santé, des transports, de l’agriculture, et de la modernisation de l’État. » Au-delà de la modernisation, M. Philippe est revenu sur un investissement particulier prévu dans cette enveloppe : la « révolution » de l’intelligence artificielle qui est « devant nous ».

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F. David / Matignon

À ce titre, M. Mahjoubi, qui a vu son bureau être placé auprès du Premier Ministre, « proposera dans les 3 mois une méthode permettant d’associer les meilleurs spécialistes de ce domaine à la définition d’une stratégie nationale pour l’intelligence artificielle ». Sans vouloir insinuer que ce travail a déjà eu lieu, cette proposition rappelle fortement ce qui a été accompli avec François Hollande lors de FranceIA. Une discussion par ailleurs bien connue par de nombreux macronistes comme Bruno Bonnell, élu LREM, qui avait participé à ce projet.

Néanmoins, il ne semble pas ici question de revenir sur les propositions du rapport précédemment remis aux socialistes. Serait-il dès lors question de suivre la trajectoire proposée par le précédent gouvernement ? Pour rappel, celle-ci invite l’État à des investissements multiples, dont l’enseignement supérieur et la recherche.

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