Suite au scandale PRISM, les sociétés impliquées dans ce programme ont commencé à produire des rapports de transparence. Après Facebook et Yahoo, c'est au tour d'Apple de communiquer sur les requêtes que le groupe reçoit. Au cours des six premiers mois de l'année, 71 demandes françaises relatives à 72 comptes ont été traitées.

Depuis cet été, pas une semaine ne se passe sans que la presse ne publie de nouveaux documents relatifs aux programmes de surveillance mis en œuvre par la NSA. Ces informations, obtenues grâce à Edward Snowden, ont notamment permis de mettre en lumière l'existence du projet PRISM, qui implique au moins neuf sociétés high-tech américaines. Ces dernières cherchent désormais à se rattraper aux branches.

En effet, certaines entreprises liées à PRISM ont commencé à produire des rapports de transparence suite aux révélations de l'ancien analyste sur l'espionnage de masse organisé par les agences de renseignement occidentales. C'est le cas de Facebook, qui a communiqué là-dessus cet été, et de Yahoo, qui a suivi le mouvement à la rentrée. Désormais, c'est au tour d'Apple de s'y mettre.

Le premier rapport d'Apple

La firme de Cupertino a en effet publié son premier rapport (.pdf) en la matière. Celui-ci assure que "les demandes de compte les plus courantes concernent des vols et d'autres délits ou des demandes d'officiers de police à la recherche de personnes ou enfants disparus, de trouver la victime d'un kidnapping, ou dans l'espoir d'empêcher un suicide".

"Répondre à une demande d'information sur un compte implique généralement de fournir des informations sur le titulaire d'un compte iTunes ou iCloud, comme le nom ou l'adresse. Dans de très rares cas, nous sommes sollicités pour fournir des photos hébergées [sur l'espace de stockage] ou pour communiquer une adresse électronique", poursuit le géant de l'électronique grand public.

Au total, ce premier rapport concerne les usagers de 31 pays, essentiellement occidentaux. Si les États-Unis représentent la très grande majorité des requêtes, et de loin, les États européens ne sont pas en reste : des pays comme l'Allemagne, la France, l'Italie, le Royaume-Uni ou l'Espagne ont envoyé des dizaines de sollicitations à Apple entre le 1er janvier et le 30 juin 2013.

Les demandes françaises

Concernant l'Hexagone, Apple indique avoir reçu au cours des six premiers mois de l'année 71 demandes d'information sur 72 comptes iTunes ou iCloud. Pour 14 d'entre eux, des données ont effectivement été communiquées aux autorités (cela peut être l'identifiant Apple, l'adresse e-mail, le numéro de téléphone, les informations de carte de crédit…).

Sur les 71 requêtes reçues par Apple, 49 n'ont pas été suivies d'effet (pour des raisons de formalisme dans la demande ou parce que cette dernière était trop vague ou trop vaste). Cependant, Apple a toutefois répondu positivement à 54 demandes où des informations non-personnelles étaient concernées, ainsi qu'à 17 sollicitations où aucune donnée n'a été communiquée.

En outre, Apple a diffusé un tableau concernant les requêtes des autorités relatives à ses terminaux. Ici, quelques pays sont à l'origine de la majorité des demandes : l'Australie, la Chine, l'Allemagne, l'Italie, Singapour, l'Espagne, le Royaume-Uni et les USA. La France n'est pas en reste, avec 530 sollicitations portant sur 2679 appareils. 334 demandes ont été honorées (63 %), lesquelles impliquent la transmission de certaines données.

Apple réclame de la transparence

À l'occasion de la publication de ce premier rapport, qui en appellera d'autres, Apple a affirmé s'opposer "fermement" aux ordonnances de non-publication l'empêchant de détailler la nature des demandes gouvernementales que le groupe reçoit. La firme de Cupertino aimerait au moins être plus transparente, estimant que cela n'aura aucune incidence sur sa coopération légale avec les autorités.

"Malgré nos efforts en ce domaine, nous n'avons pas encore d'accord qui nous permettrait de dire clairement à nos clients à quelle fréquence et dans quelles circonstances nous fournissons des données aux agences gouvernementales", écrit Apple. D'autres entreprises, comme Google, Yahoo ou Facebook, s'efforcent aussi de persuader les autorités américaines à faire preuve de moins d'opacité.

( photo : CC BY John Mitchell )

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