Après Al Gore qui a vu dans la surveillance massive opérée par la NSA "un crime contre la Constitution des Etats-Unis", voilà que le sénateur et ancien candidat républicain à la présidence des Etats-Unis, John McCain, demande que le directeur de l'agence de sécurité américaine soit viré ou contraint à présenter sa démission, et même que Barack Obama lui-même quitte la Maison Blanche. "On ne rend plus personne responsable (de ses propres actes) à Washington", a-t-il regretté dans un entretien accordé au quotidien allemand Der Spiegel, repris par RT.
Mais si John McCain veut la tête du directeur de la NSA Keith Alexander, et va jusqu'à exiger la destitution de Barack Obama, ce n'est pas pour avoir prétendu que la Maison Blanche ne savait rien de l'espionnage de chefs d'états étrangers comme Angela Merkel, ou pour avoir placé sous surveillance des millions et des millions de personnes sur toute la planète, y compris des Américains, alors que la loi l'interdit. Non.
Si John McCain veut la peau de Keith Alexander et de Barack Obama, c'est parce qu'il les juge coupables de ne pas avoir su préserver le secret et empêcher qu'un Edward Snowden puisse révéler au grand jour les pratiques d'espionnage massives des Etats-Unis à l'encontre de simples citoyens sans histoire.
John McCain demande que "le chef de la NSA, le président des Etats-Unis, les Commissions Parlementaires sur la Surveillance, et tous ces contractants que nous rémunérions pour réaliser les vérifications d'antécédents", soient tenus pour responsables non pas du scandale PRISM et des activités de la NSA en eux-mêmes, mais de leur révélation publique.
"Ils devraient démissionner ou être viré (…). Le commandant des Marins a renvoyé plusieurs généraux à cause d'une faille de sécurité dans une base en Afghanistan. Dites-moi qui a été viré pour quoi ce soit qui s'est mal passé (à Washington)", déplore le sénateur républicain, ancien militaire à la discipline de fer (quoique).
Ironie de l'histoire, John McCain avait été le co-auteur en 2011 avec John Kerry d'une proposition de loi visant à protéger la vie privée des internautes. "Protéger les informations personnelles et privées des Américains est vital pour que l'ère de l'information réalise toutes ses promesses. Les Américains ont le droit de décider comment leurs informations sont collectées, utilisées et distribuées, et les entreprises méritent de fonctionner avec la certitude qu'apportent des règles claires", avait expliqué M. Kerry.
Sans aller jusqu'à démissionner, même s'il quittera ses fonctions l'an prochain, Keith Alexander a tiré des leçons des fuites permises par Edward Snowden. La NSA a modifié son organisation pour supprimer un maximum de postes d'administrateurs systèmes, qui avaient accès à un grand nombre d'informations confidentielles. Mais l'on a appris depuis que Snowden avait aussi pu accéder aux données en demandant leur mot de passe à des collègues.
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