Si la presse américaine s’attend depuis plusieurs mois à voir Donald Trump détricoter le visa H1-B, le sésame d’entrée des travailleurs étrangers de la tech, le président américain a pour l’instant choisi de s’attaquer à une mesure censée favoriser l’installation de startups étrangères aux États-Unis.
Le Département de la sécurité intérieure vient en effet repousser la date d’entrée en vigueur de cette « International entrepreneur rule » adoptée par Barack Obama à la toute fin de son second et dernier mandat . Elle devait entrer en vigueur ce 17 juillet et permettre en moyenne à 3 000 startups de s’installer par an, mais elle a finalement été repoussée au 14 mars 2018. Du moins, si elle n’est pas supprimée d’ici là, l’administration Trump ayant prévu une consultation publique sur son possible retrait définitif.
Cette mesure devait offrir un droit de séjour temporaire (jusqu’à 2 ans et demi) sur le sol américain aux entrepreneurs étrangers ayant reçu un soutien financier conséquent — au moins 250 000 $ d’investisseurs américains — pour qu’ils puissent créer leur entreprise au pays de Google et autres Apple. La décision fait suite à la politique adoptée par Donald Trump dès sa prise de fonction en janvier 2017, lorsqu’il avait annoncé sa volonté de renforcer la sécurité aux frontières et de réduire l’immigration.
« Une grosse erreur » selon le co-fondateur d’AOL
Pour Bobby Franklin, président de la National Venture Capital Association, qui défend les intérêts des investisseurs de startups, cette décision n’est pas seulement « très décevante ». Comme il l’explique au New York Times, elle traduit aussi « une incompréhension fondamentale du rôle crucial joué par les entrepreneurs immigrés dans le développement de la future génération d’entreprises américaines. »
Bobby Franklin ajoute que cette décision va « à l’encontre totale » des efforts déployés dans de nombreux autres pays pour attirer des investisseurs étrangers innovants : c’est le cas notamment en France avec le lancement du French Tech Visa en juin dernier, qui doit inciter de tels entrepreneurs à développer leur startup dans l’Hexagone. L’Estonie fait quant à elle référence en matière de pays ouvert aux investissements étrangers grâce notamment à sa e-citoyenneté.
Plusieurs personnalités du monde de la tech ont fustigé cette décision, à commencer par Steve Case, l’un des co-fondateurs d’AOL, qui a lancé sur Twitter : « Grosse erreur. Les entrepreneurs immigrés ne volent pas d’emplois, ils les créent. »
Gary Shapiro, le président du CES, le plus grand salon mondial dédié à la tech, a quant à lui préféré s’appuyer sur des exemples chiffrés : « Les 44 startups américaines milliardaires fondées par des immigrés ont créé en moyenne 760 emplois [nationaux] par entreprise. Sans ces entrepreneurs immigrés, il paraît peu probable que l’Amérique fasse aujourd’hui figure de modèle d’innovation. »
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