Dix ans de prison. C'est la peine à laquelle vient d'être condamné un Américain de 28 ans, Jeremy Hammond. Celui-ci a été reconnu coupable ce vendredi par un tribunal de plusieurs chefs d'accusation, dont l'accès frauduleux à un système informatique. Il était poursuivi suite au piratage en 2011 des serveurs de Strategic Forecasting, Inc ("Stratfor"), qui a causé la fuite de millions de mails confidentiels.
En plus d'être proche de la mouvance Anonymous, Jeremy Hammond était un informateur de WikiLeaks. C'est lui qui avait communiqué au site web plus de 5 millions de mails internes de Stratfor, dont la mission est le renseignement privé. Comme à son habitude, WikiLeaks s'est associé à plusieurs médias internationaux pour maximiser la visibilité des documents subtilisés par Jeremy Hammond.
L'analyse des courriels a montré que Stratfor a notamment surveillé des activistes impliqués dans les suites de la catastrophe de Bhopal et des militants de la cause PETA pour le compte d'autres entreprises, dont Coca-Cola. Ce dernier s'était justifié en expliquant vouloir anticiper toute activité de protestation lors d'évènements que le groupe sponsorise (en l’occurrence, les Jeux olympiques).
Les mails ont aussi mentionné Wikileaks et Julian Assange, son leader, et révélé des liens étroits entre Stratfor et plusieurs grands groupes, comme Lockheed Martin, Dow Chemical Co. et Goldman Sachs. Sa proximité avec des agences gouvernementales américaines comme le Département d'État, les services de sécurité intérieure américains et le Pentagone, a aussi été remarquée.
Mais l'action de Jeremy Hammond a aussi suscité la controverse. Si le hacker a braqué les projecteurs médiatiques sur les activités de Stratfor, il a aussi récupéré les coordonnées bancaires de 60 000 clients du groupe pour effectuer des dons à des ONG. Bilan de l'opération ? Plus de 700 000 dollars ont ainsi été transférés. Il sera finalement dénoncé par une taupe du FBI.
Si l'activisme de Jeremy Hammond a fait polémique par certains aspects, sa condamnation pose la question de la protection juridique des lanceurs d'alerte. Car l'actualité récente laisse à penser que ceux qui dénoncent des faits qu'ils jugent néfastes pour l'homme, la société, l'économie ou l'environnement ne sont pas correctement protégés et peuvent ainsi être pourchassés sur le plan judiciaire.
Chelsea Manning, Julian Assange ou encore Edward Snowden sont la démonstration que le système juridique américain fait défaut. Et il ne s'agit-là que des cas les plus connus.
Vendredi, Reporters sans frontières a ainsi rapporté la condamnation aux États-Unis de Donald Sachtleben, un ancien agent du FBI, à trois ans et demi de prison ferme pour avoir communiqué à l'Associated Press les conditions dans lesquelles la CIA avait déjoué au Yémen un attentat contre un avion de ligne en partance pour l'Amérique.
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