Le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, qui fait l’objet d’une enquête judiciaire au sujet des possibles sociétés et bien immobilier non déclarés par sa fille, Maryam Nawaz Sharif, pourrait-il être mis à mal par une simple police d’écriture ?
Au Pakistan, le scandale de corruption dans lequel est empêtré le premier ministre s’est accompagné ces derniers jours d’un rebondissement symbolisé par le hashtag #Fontgate sur Twitter. En début de semaine, les enquêteurs qui se sont penchés sur les biens de la famille Sharif remettent leurs conclusions à la justice. Un travail mené après avoir découvert les noms des enfants du premier ministre dans la liste des détenteurs de holdings offshore dévoilée par les Panama Papers en 2016.
Il apparaît, dans ces conclusions, que certains documents officiels datés de 2006 remis par Maryam Nawaz Sharif à la justice pour sa défense — qu’elle a aussi publié sur Twitter en novembre 2016 — ont été rédigés avec la police Calibri de Microsoft. Un détail a priori anodin sur lequel les enquêteurs ont toutefois choisi de s’attarder.
Ils l’ont fait examiner par des experts, dont les conclusions semblent accréditer la piste d’une falsification puisque la police d’écriture utilisée n’a été mise à disposition du public qu’un an après : « Calibri n’a pas été commercialisé avant le 31 janvier 2007… aucune des déclarations originales n’est correctement datée [et elles semblent] avoir été créée à une date ultérieure ».
Différentes dates de disponibilité
Cette conclusion pourrait toutefois être prématurée : si Calibri est bien sorti en 2007, lorsqu’elle est devenue la police d’écriture par défaut de Word, PowerPoint, Excel et Outlook, cette création du graphiste néerlandais Lucas de Groot restait accessible avant cette date sous des formes limitées. Il était notamment possible de tester sa bêta dès 2006, et de la télécharger sur le site de l’entreprise dans sa version 1.0 en 2005, sachant que Calibri a été achevé (et remis à Microsoft) en 2004.
LucasFonts, l’entreprise qui a créé la police Calibri, a affirmé au quotidien pakistanais de référence Dawn ne pas connaître sa « date exacte de sortie publique ». Elle précise toutefois : « Il paraît très improbable que quelqu’un recopie [la police] d’une bêta pour l’utiliser dans des documents officiels. »
Si la Cour suprême devrait étudier soigneusement ces détails avant de rendre sa décision, le hashtag #fontgate et le terme « Calibri » continuent de fleurir sur la twittosphère pakistanaise.
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