Un lâcher de tracts peut-il faire la différence ? Cela reste à prouver : en Allemagne, des militants avaient tenté de faire un bon coup en 2015 en faisant survoler un drone au-dessus d’un centre opéré par la NSA. Le point de l’orgue de l’opération eu lieu lorsque l’appareil s’est délesté de sa cargaison pour dénoncer la surveillance de masse. À défaut d’avoir obligé la NSA à réviser ses pratiques, l’action fut au moins symbolique.
C’est pourtant ce mode d’action qu’a choisi Mozilla pour contester les orientations du projet de révision de la directive sur le droit d’auteur. Présenté en septembre 2016 par la Commission européenne, ce texte fait l’objet de plusieurs critiques à cause des mesures nouvelles (obligation de filtrage automatique des contenus avant l’upload, droit voisin pour les éditeurs de presse…) qu’il pourrait instaurer.
Mais contrairement à l’opération survenue en Allemagne qui mobilisait un vrai drone et de vrais tracts, la campagne conduite par la fondation est exclusivement virtuelle (en tout cas, pour ce volet bien précis) : elle se déroule sur le site Paperstorm. L’idée ? Recouvrir, virtuellement toujours, certains bâtiments européens comme la Tour Eiffel, le Colisée, l’Arc de Triomphe, Trafalgar Square ou le Reichstag.
« Une bataille se déroule en ce moment même en Europe au sujet de la réforme du droit d’auteur. Les fondements d’Internet qui constituent toute sa richesse sont en danger et les parlementaires prennent d’importantes décisions », alerte la fondation Mozilla. Selon le compteur, plus de 63 millions de tracts de campagne virtuels ont été lâchés par les utilisateurs de Paperstorm.
Pour quelle efficacité ? Cela reste difficile à évaluer : le système qui a été mis en place sur Paperstorm envoie un message aux parlementaires européens qui sont sur Twitter chaque fois qu’un certain nombre de tracts a été lâché. Selon la fondation Mozilla, plus de 12 000 tweets ont été envoyés depuis le début de l’opération grâce à la contribution plus ou moins marquée de 117 000 participants.
Parmi les eurodéputés figurent notamment le Français Jean-Marie Cavada, qui fait partie, selon La Quadrature du Net, d’un groupe de parlementaires français « qui empêche toute évolution positive du droit d’auteur en Europe et brouillent les positions d’un débat qui aurait pu être constructif, s’ils avaient joué le jeu d’une vraie ouverture et non d’un relais systématique des positions des lobbies ».
Pour l’heure, 13 députés européens dans 10 pays ont été contactés : en Autriche, en France, en Allemagne, en Italie, en Lituanie, à Malte, en Pologne, en Roumanie, en Suède et au Royaume-Uni.
Ce que dit le tract
« Chers parlementaires, nous sommes les producteurs de vidéos de chats, les amoureux des GIFs et les créateurs de parodies qui amusent Internet. Notre Internet est un lieu où toute idée peut se développer. La réglementation sur le droit d’auteur que vous voterez aura un effet sur le développement de la créativité et de l’expression en ligne », peut-on lire sur le tract.
« Votre choix pourrait forcer les sites de vidéos à filtrer et supprimer ce que nous postons au nom de la protection du droit d’auteur. L’Internet si agréable que nous apprécions disparaîtrait. Voyez judicieusement. Internet compte sur vous ! », ajoute le message, avec une mention #FixCopyright et une référence aux mèmes « Me Gusta » montrant des visages en noir et blanc plus ou moins expressifs.
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