World of Warcraft n'a pas échappé à la lutte antiterroriste. D'après de nouveaux documents consultés par le New York Times, l'agence de sécurité nationale américaine (NSA) et son homologue britannique (GCHQ) ont surveillé les conversations survenant dans le célèbre jeu de rôle en ligne massivement multijoueur (MMORPG), qui compte aujourd'hui encore plus de 7 millions d'abonnés.
Les services de renseignement occidentaux ont par exemple créé des personnages dans le jeu pour interagir avec certains joueurs, soit parce qu'ils étaient suspects, soit pour essayer d'en faire des informateurs malgré eux. Les agences ont aussi employé des méthodes plus classiques pour analyser le contenu des discussions afin d'y déceler un éventuel complot terroriste.
Pour la NSA et le GCHQ, un espace virtuel comme World of Warcraft aurait représenté pour les terroristes un lieu d'échange intéressant pour échapper à l'espionnage plus traditionnel pouvant viser les outils de communication classiques (webmails, services de discussion instantanée, réseaux sociaux…). D'où l'idée de déployer des hommes et des technologies pour intercepter des échanges suspects.
Mais le monde fantaisiste inventé par Blizzard n'est pas le seul univers que la NSA a espionné. L'agence s'est aussi intéressée à Second Life, un monde virtuel ayant une forte dimension sociale, et au Xbox Live, le service de jeu en ligne de Microsoft pour Windows et ses consoles. D'autres plateformes de jeu ont probablement été ciblées, même si elles ne sont pas mentionnées dans l'article.
Cette surveillance a-t-elle été efficace sur le plan de la lutte antiterroriste ? Visiblement non. En tout cas, les informations du New York Times n'évoquent aucun attentat déjoué par les Occidentaux ni aucune personne malveillante interpellée par les autorités. Cette absence manifeste de résultat n'a pas manqué de faire réagir Michael Moore, sur Twitter :
Next time there's a terrorist attack, remember the NSA spends its time spying on World of Warcraft: http://t.co/HLiOY03NVJ
— Michael Moore (@MMFlint) 9 Décembre 2013
La remarque de Michael Moore, si elle se veut taquine, doit être lue à l'aune des documents consultés par le quotidien américain. En effet, il apparaît que de nombreux agents ont été mobilisés dans cette tâche, à tel point qu'il a fallu créer une cellule pour éviter que les espions ne s'espionnent entre eux et ne suivent de fausses pistes. Autant de moyens qui auraient peut-être mieux servis ailleurs.
Le document de la NSA date de 2008 et rien ne permet de dire si les services de renseignement ont poursuivi, étendu, réduit ou arrêté cette surveillance très particulière. En revanche, l'éditeur de World of Warcraft, Blizzard, a assuré ne pas avoir eu connaissance de cet espionnage. Microsoft (Xbox Live) et Linden Lab (Second Life) n'ont fait aucun commentaire.
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