Les Macron Leaks, du nom des 9 Go documents internes d’En marche mis en ligne deux jours avant le second tour de l’élection présidentielle, n’étaient peut-être que la partie émergée des tentatives d’interférence contre le parti du futur président élu.
L’agence de presse Reuters, qui s’appuie sur le témoignage d’un élu américain et de deux autres sources proches du dossier, révèle en effet que la Russie aurait tenté de glaner des informations personnelles sur Emmanuel Macron pendant la campagne en recourant à Facebook. Des espions auraient créé une vingtaine de faux comptes sur le réseau social afin de se rapprocher des membres de sa garde rapprochée, en se faisant passer pour des amis d’amis.
Le but de l’opération aurait été double : devenir assez proche de l’équipe de campagne pour obtenir des informations personnelles sur le candidat d’En Marche, mais aussi les amener à télécharger un malware ou à révéler leurs identifiants, afin de s’infiltrer au sein de l’équipe.
70 000 faux comptes supprimés par Facebook
Facebook, qui était au courant de ces tentatives, en a informé l’équipe du candidat en affirmant que les espions n’avaient probablement pas pu accomplir leur deuxième objectif. Le réseau social ea procédé dans la foulée à la suppression de 30 000 faux comptes, comme annoncé en avril — un chiffre qui a depuis grimpé à 70 000. La plateforme a aussi reconnu avoir subi des campagnes de désinformation pendant la présidentielle américaine.
Qui se cache derrière cette tentative d’interférence contre En Marche ? L’équipe de Facebook a constaté que la pratique rappelait celle du groupe de hackers russes Fancy Bear (alias APT 28), affilié aux services de renseignement russes (le GRU). Les mêmes hackers sont soupçonnés d’être à l’origine du piratage du Parti démocrate américain pendant la campagne de 2016.
Mounir Mahjoubi, l’actuel secrétaire d’État en charge du numérique et ancien responsable du sujet pendant la campagne, comme En Marche ont refusé de commenter l’affaire pour Reuters. Mais Mounir Mahjoubi avait affirmé à l’agence de presse en mai que des experts soupçonnaient effectivement le GRU pour les Macron Leaks. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information a pour sa part fait savoir, début juin, qu’elle n’avait aucune preuve de l’implication russe.
Si les Macron Leaks ont entraîné l’ouverture d’une enquête, aucune accusation publique n’a été portée par l’équipe d’Emmanuel Macron contre la Russie. Celle-ci avait en revanche été ouvertement accusée par Richard Ferrand en février, lorsqu’il dénonçait « des milliers d’attaques numériques [contre En Marche] en provenance des frontières russes ».
La Russie nie quant à elle toute tentative d’ingérence dans la campagne française. Le sujet a été éludé par Emmanuel Macron lorsqu’il a reçu Vladimir Poutine à Versailles, fin mai 2017. Le président russe s’était par ailleurs défendu de toute volonté d’interférer dans la campagne alors qu’il avait affiché sa proximité avec Marine Le Pen en la recevant à Moscou, en mars.
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