L’étude publiée par Global Voices ce jeudi 27 juillet ne risque pas de redorer le blason déjà abîmé de Free Basics, l’initiative lancée par Facebook en 2015 — et d’abord connue sous le nom décrié d’Internet.org.
Celle-ci vise à offrir un accès gratuit au web dans les régions du monde les moins bien équipées grâce à un service bridé. Celui-ci donne notamment accès à quelques fonctionnalités, comme la météo, les actualités de la BBC et Wikipédia, et doit, selon Facebook, « améliorer la vie » des personnes concernées.
S’il a été abandonné en Inde en 2016 face à la résistance des autorités, le projet perdure dans 63 pays différents. 7 membres de Global Voices, un collectif citoyen composé « de blogueurs et d’activistes en ligne » qui veillent à la protection « de la liberté d’expression et à l’accès libre à l’information [sur le web] », se sont penchés sur l’efficacité réelle des Free Basics au Mexique, en Colombie, au Kenya, au Ghana, au Pakistan et aux Philippines.
Le verdict de Global Voices est sans appel, comme l’explique sa responsable promotionnelle, Ellery Bidle, au Guardian : « Facebook n’aide pas les gens à accéder à l’Internet ouvert, celui où vous pouvez apprendre, créer et construire des choses. Il met en place un petit web qui transforme l’utilisateur en un consommateur passif, essentiellement de contenus occidentaux. C’est du colonialisme numérique. »
Une « violation de la neutralité du net »
Global Voices fustige ainsi plusieurs problèmes majeurs, à commencer par l’absence de localisation : au Pakistan et aux Philippines, une seule langue est proposée, contrairement aux usages de ces pays multiculturels. Le collectif déplore aussi le manque de contenus locaux, Free Basics proposant à la place des services américains ou britanniques pas forcément en adéquation avec les besoins des utilisateurs.
Surtout, Global Voices dénonce la collecte des données personnelles opérée par Facebook et une violation claire de la neutralité du net (qui garantit une égalité d’accès au contenu, peu importe le type d’abonnement ou de connexion) : « Free Basics ne permet pas à ses utilisateurs de naviguer sur l’Internet ouvert. Il donne accès à un faible ensemble de services et donne la priorité à l’appli Facebook en incitant fortement les utilisateurs à s’inscrire [à la plateforme]. »
Pourtant, en avril 2016, à l’occasion de sa conférence annuelle F8, Facebook se félicitait du succès de l’initiative. À l’époque, la moitié des utilisateurs souscrivait en effet à un abonnement payant dans les 30 jours suivants leur connexion gratuite. Les opérateurs locaux avaient donc toutes les raisons de poursuivre ce partenariat, consistant à fournir gratuitement de la bande passante aux utilisateurs via le service Free Basics dans l’espoir qu’ils souscrivent derrière à une offre payante.
Reste que Facebook social est justement parvenu jusqu’aux 2 milliards d’utilisateurs grâce à des initiatives centrées sur les besoins locaux de ses utilisateurs, afin, justement, de poursuivre sa croissance mondiale.
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