Aux États-Unis, certains fonctionnaires qui dépendent du département de l’Agriculture sont priés d’éviter le terme de « changement climatique » et de lui préférer celui de « conditions météorologiques extrêmes ».
C’est ce que révèlent des mails obtenus par The Guardian, adressés aux équipes de l’agence Natural Resources Conservation Services (NRCS), une branche du département de l’Agriculture en charge de la préservation des terres agricoles,
Dans l’un de ses mails en date du 16 février 2017, Bianca Moebius-Clune, une responsable de l’agence, dresse une liste détaillée des termes et expressions à éviter conformément à la demande de sa hiérarchie. Outre le « changement climatique », elle cite « l’adaptation au changement climatique » (lui préférant l’expression « résistance aux conditions météorologiques extrêmes »). L’agence choisit aussi ne pas citer « la réduction de gaz à effet de serre » parmi ses objectifs.
Des fonctionnaires perplexes
Le 24 janvier, son collègue Jimmy Bramblett avertissait déjà dans un autre mail l’équipe des changements auxquels s’attendre : « Il est évident que la priorité de l’administration précédente ne correspond plus à celle de l’administration [actuelle]. Notamment sur la priorité du changement climatique. Merci d’en informer votre équipe et de faire en sorte qu’elle soit consciente de ce changement de perspective au sein de l’exécutif. »
Cette modification a visiblement perturbé nombre de fonctionnaires, même des mois après son entrée en vigueur. Dans un mail envoyé début avril, l’une d’entre elles se demande ainsi si les fonctionnaires « ont le droit de publier des recherches externes au département de l’Agriculture qui utilisent l’expression ‘changement climatique’. » Elle aura finalement eu sa réponse après un coup de téléphone avec un responsable.
D’autres ne cachent pas leur agacement face à ces mesures, à l’instar de ce salarié qui affirme, le 5 juillet, « préférer la terminologie [précédente] » pour assurer « l’intégrité scientifique du travail » réalisé.
Une mesure conforme à la politique climatosceptique de l’administration Trump
Ce changement lexical est loin d’être anecdotique sous l’administration d’un président comme Donald Trump, ouvertement climatosceptique, qui affirme que le changement climatique est une invention chinoise. Depuis son investiture, toutes les mentions de cette réalité écologique scientifique qui figuraient sur le site de la Maison Blanche ont été supprimées et les États-Unis ont annoncé leur retrait de l’accord de Paris contre le changement climatique.
La nomination par Donald Trump du climatosceptique notoire Scott Pruitt à la tête de l’Agence de protection de l’environnement présageait déjà de tels changements alors que le budget de l’année 2018 annonce des coupes importantes dans le budget de l’agence.
Meg Townsend, de l’ONG de protection des espèces menacées Center for Biological Diversity, s’alarme de telles mesures : « Elles révèlent la censure scientifique opérée par Trump au nom de son projet politique. Des fonctionnaires fédéraux qui travaillent sur l’air, l’eau et le sol, essentiels au bien-être de notre pays, qui doivent adapter leur terminologie avec la réthorique anti-sciences de l’administration Trump… c’est épouvantable et dangereux pour les États-Unis comme pour la communauté internationale. »
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