Estimant que ce n'est pas à lui de payer pour que les abonnés aient accès à ses services, mais bien aux fournisseurs d'accès à internet d'investir suffisamment pour satisfaire la demande de leurs clients, Google a trouvé un nouveau moyen de faire pression sur les FAI qui rechignent à augmenter la taille des tuyaux menant vers YouTube. Le géant américain a lancé Google Quality Report, un service qui doit montrer aux internautes la qualité de service des différents FAI, pour leur permettre de choisir les opérateurs avec une qualité certifiée d'accès aux vidéos de YouTube.
Google a ainsi élaboré une certification, qui n'est pour le moment affichée qu'au Canada, à titre d'expérimentation. Les FAI chez qui les vidéos YouTube en haute-définition (au moins 720p) sont lues avec un temps de chargement rapide sont "YouTube HD Certified", alors que les autres sont pointés du doigt pour n'offrir que de la "définition standard" dans temps de chargement raisonnable, voire carrément une "moins bonne définition" pour ceux qui peinent à n'offrir ne serait-ce que du 360p.
La méthode employée est différente, et bien plus précise (car spécifique), que celle employée jusqu'à présent par Google avec l'outil Glasnost et le Measure-Lab (M-Lab), pour dénoncer les FAI qui brident des services comme BitTorrent. Celles-ci avaient déjà abouti à désigner Free comme très mauvais élève de la qualité en France. Il n'est pas sûr que la nouvelle méthode, qui s'attache spécifiquement à un YouTube notoirement lent chez Free, soit plus avantageuse pour l'opérateur fondé par Xavier Niel.
Pour établir la notation des FAI, YouTube fait en effet remonter des informations très précises chaque fois que la lecture d'une vidéo est demandée par un internaute, aussi bien sur l'origine de la demande (horodatage, réseau emprunté, localisation géographique, User Agent, etc.), que sur la réponse reçue (nombre d'octets transférés, temps de latence…).
La note de chaque FAI est ensuite calculée de façon granuleuse, en prenant en compte différente périodes horaires, ou localisations géographiques. Puis la certification "HD Certified" n'est accordée que si au moins 90 % des demandes de lectures de vidéos sont satisfaites en qualité HD, qui demande au moins 2,5 Mbps de bande passante.
"Vos FAI doivent s'assurer qu'il y a assez de capacité"
Google explique qu'il se charge de placer des serveurs de distribution de contenus (CDN) le plus près possible des abonnés, et qu'il a investi pour cela "des milliards de dollars en bande passante et infrastructure", et qu'il dispose d'une "politique de peering ouverte, ce qui veut dire que nous nous interconnecteront avec n'importe quel FAI qui peut atteindre nos 70 points de présence dans le monde, gratuitement".
"Nous déployons souvent des serveurs au coeur du réseau de votre FAI, ce qui réduit largement la distance que la vidéo doit traverser et minimise les risques de congestion", ajoute-t-il, alors que c'est justement un point de tension avec Free qui refuse de laisser Google s'installer dans son réseau.
Avec ses certifications, Google espère donc faire prendre conscience aux abonnés de la responsabilité des FAI. "Quand votre FAI reçoit votre vidéo de la part de YouTube, leur travail important commence, qui consiste à la transporter jusque chez vous. Ils doivent s'assurer qu'il y a assez de capacité là où ils reçoivent les données de YouTube. Sinon, la qualité de streaming de la vidéo en pâtira".
Rappelons que le durcissement des relations entre FAI et grands éditeurs de services en ligne est dû en grande partie à la déchéance du P2P, qui reste technologiquement le meilleur garant de la neutralité du net, et de l'absence de congestions sur des points névralgiques du réseau.
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