Depuis la crise de conscience d'Edward Snowden qui a permis au monde de découvrir les activités très secrètes de la NSA, on ne compte plus les initiatives visant à combattre la surveillance électronique. Derrière ces projets, l'idée principale est d'aider les internautes à prendre leurs distances avec les solutions américaines, qui sont perçues comme d'immenses silos à données personnelles.
Du point de vue des entreprises américaines, les révélations de l'ancien analyste de la NSA sont une très mauvaise nouvelle sur le plan des affaires. En révélant les agissements de l'agence nationale de sécurité, Edward Snowden a durablement cassé la confiance que pouvaient avoir les internautes (étrangers ou non) dans les logiciels et les services américains.
La confiance ébranlée, l'argent perdu
Deux mois après la publication des premiers documents, une première évaluation de l'ITIF (the Information Technology & Innovation Foundation) a estimé que le scandale PRISM pourrait entraîner un manque à gagner de plusieurs milliards de dollars au cours des trois prochaines années pour le secteur américain de l'informatique en nuage (cloud computing).
Fin 2013, un sondage mené pour le compte de la société ESET, spécialisée dans les logiciels de sécurité, a révélé que la moitié des Américains interrogés ont dit avoir "désormais moins confiance dans les entreprises technologiques, telles que les fournisseurs d'accès à internet et les entreprises de logiciels", au point de les inciter à modifier leurs pratiques en ligne.
Les entreprises américaines évoluant dans le secteur du numérique ont de quoi s'inquiéter. Depuis l'éclatement du scandale Snowden, de nouvelles orientations politiques sont apparues dans le domaine informatique. Le Brésil a par exemple fait savoir qu'il voulait un Internet moins dépendant des USA, en tirant de nouveaux câbles sous-marins, et privilégier des services et des logiciels nationaux.
En Europe, une approche similaire est en train d'apparaître. La commission des libertés civiles (LIBE) du parlement européen a remis fin décembre une série de propositions visant à contrer l'espionnage massif des États-Unis sur Internet. Il est notamment question de privilégier les logiciels libres ainsi que de mettre en place des solutions européennes dans le cloud computing.
Déménager hors des USA
Ce mouvement de défiance à l'égard des services et des logiciels américains inquiète naturellement les entreprises qui les conçoivent. C'est pourquoi certaines firmes commencent à envisager de déménager hors des États-Unis (c'est le cas de Google, qui a songé à cette solution pendant un temps) ou, à défaut, de fournir une offre commerciale adaptée à l'étranger.
Selon une information du Financial Times, Microsoft compte héberger les données des utilisateurs non-Américains hors des frontières américaines. En plaçant des serveurs en dehors des USA, les informations qui s'y trouvent échapperaient par exemple à la législation du PATRIOT Act, qui autorise les autorités américaines d'y accéder lorsqu'elles sont stockées sur le sol américain.
La démarche de Microsoft est intéressante, quoique un peu vaine. Qui peut croire en effet que l'approche américaine ne repose que sur le PATRIOT Act ? Il a été démontré, à travers des documents de la NSA, que les services secrets sont capables d'infiltrer secrètement les serveurs des géants américains. Google et Yahoo sont concernés. Qui peut penser que Microsoft y échappe ?
À défaut, les entreprises américaines font pression sur les autres pays pour les inciter à ne pas interdire le stockage de données sensibles sur des services étrangers (et donc de privilégier la piste du cloud souverain) au nom de la libre circulation des données, au motif qu'ils demandent aussi aux USA de modérer leurs pratiques de surveillance sur les réseaux électroniques.
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