L’hiver dernier, Profexer disparaissait du web comme l’on quitte une vieille passion devenue embarrassante.
Ce hacker ukrainien était pourtant déjà dissimulé dans les recoins de la toile où il vendait un code malveillant dans le secret, mais il a dû fuir la lumière et devenir totalement anonyme, introuvable, comme s’il n’avait jamais écrit ces malheureux codes. Ses publications, déjà peu visibles, ont toutes disparu du dark web en janvier dernier selon le New York Times. L’homme semble alors fuir, ou au moins se protéger.
Victime collatérale de l’affaire russe
En réalité, il vient de voir son bébé lui échapper des mains de la plus spectaculaire des manières : à peine quelques jours auparavant, les médias vociféraient qu’un de ses programmes avait servi à pirater le DNC. Une attaque hautement politique en pleine campagne présidentielle américaine qui a non seulement eu un effet sur le scrutin, mais également sur l’administration Trump qui se débat depuis pour prouver son innocence dans cette affaire russe.
Retourné et effrayé, Profexer se rend aux autorités ukrainiennes plus tôt cette année. Désormais, il serait, toujours selon le New York Times, un témoin clef pour le FBI. Alors qu’il allait se rendre, l’homme écrivait à ses soutiens : « Je ne sais pas ce qu’il va se produire, cela ne sera pas plaisant. Mais je suis encore en vie. »
Protégé par l’Ukraine et les États-Unis, nous ne savons pas grand chose de ce hacker à l’exception de son implication dans l’attaque du DNC. Il n’a pas travaillé directement avec le Kremlin selon les renseignements, mais se trouve de facto au cœur de la tempête diplomatique car son code, lui, aurait servi les intérêts russes.
C’est à notre connaissance le premier témoin de cette importance pour le FBI. Cela pourrait devenir une clef de l’enquête puisque le profil de Profexer nous apprend déjà une chose que les services commencent à suspecter : l’idée de cellules de hacking, autonomes et surdouées à la botte du Kremlin, est de plus en plus contredite par les faits.
Alors que nous redécouvrions récemment que les cellules russes utilisaient des codes et des services qu’elles ne comprennent parfois même pas, leur « emprunt » du code de ce hacker solitaire crédibilise la thèse de services d’exécution plutôt que de création et d’ingénierie des armes numériques.
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