L’obsession des autorités chinoises pour le contrôle d’Internet donne lieu à des tours de vis réguliers, afin d’empêcher le réseau des réseaux de devenir un vecteur des voix discordantes. Pékin juge en effet que le maintien de la stabilité du régime politique et de la société nécessite de maîtriser l’information — et donc de pouvoir la censurer — mais aussi de savoir à tout moment qui dit quoi sur le net.
C’est pour cette raison que la Chine filtre massivement les contenus qu’elle n’est pas en mesure de contrôler (en clair, les sites web étrangers). C’est aussi pour cela qu’un vaste programme de surveillance a été mis en place pour surveiller les internautes se connectant depuis le continent. Et c’est ce qui la pousse à vouloir connaître l’identité de toutes les personnes en Chine qui publient sur Internet.
Cette idée fixe a donné lieu à une nouvelle réglementation, que The Diplomat relaie. Le 25 août, l’administration chinoise d’Internet, l’organisme gouvernemental chargé de réguler l’accès et l’utilisation du réseau, a annoncé des règles additionnelles qui interdisent aux internautes, à compter du 1er octobre 2017, de publier du contenu sur les forums et les réseaux sociaux de manière anonyme.
Les efforts de la Chine pour en finir avec l’anonymat ne sont pas nouveaux. En 2010, les opérateurs devaient enregistrer les nouveaux abonnés pour parvenir en trois ans à un recensement complet des mobinautes ; deux ans plus tard, le gouvernement exigeait de lier chaque pseudonyme à une identité réelle ; et en 2014, ce sont les personnes mettant en ligne des vidéos qui ont été ciblées.
Des règlements précédents appliqués de façon parcellaire et incomplète
Mais, note l’AFP, les règlements précédents étaient appliqués de façon parcellaire et incomplète. Ces nouvelles consignes découlent d’une loi entrée en vigueur en juin et qui traite de la « cybersécurité » au sens large. Elle interdit notamment la publication de contenus portant atteinte à « l’honneur national », « troublant l’ordre social » ou visant à « renverser le système socialiste ».
Le dispositif ne signifie pas que les internautes chinois devront publier sur Internet avec leur vraie identité — ils devraient garder la possibilité d’utiliser un pseudonyme. En revanche, au moment de la création du compte, avant la publication du premier message, ils devront sans doute communiquer une copie numérisée d’une pièce d’identité au gérant de la plateforme sur laquelle ils se trouvent.
Une telle vérification d’identité n’est pas une nouveauté. La Corée du Sud l’a mise en place dès 2009, entraînant les protestations de YouTube. En Europe, la Commission y a songé en proposant en 2009 un « cadre paneuropéen d’authentification électronique qui permettra d’utiliser des attributs personnels (l’âge en particulier) pour garantir le respect des dispositions » de protection de l’enfance.
Congrès-clé cet automne
Avec ces nouvelles règles, le pouvoir entend mettre davantage de pression sur le peuple alors que les sites communautaires et les réseaux sociaux ont permis de libérer sa parole et d’oser davantage de critiques à l’égard du pouvoir, qui est accusé de corruption, d’être impliqué dans des affaires compromettantes ou de s’être détourné des idéaux initiaux de la République populaire de Chine.
Or, le Parti communiste ne tient pas à avoir sur les bras des internautes critiques alors qu’un congrès important doit avoir lieu cet automne, avec à la clé le renouvellement du mandat du président actuel, Xi Jinping. Ce durcissement doit tempérer les ardeurs des internautes qui voudraient user d’un peu trop de liberté d’expression, en les exposant plus directement à des risques de poursuites.
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