Cela devait certainement arriver. C'est en tout cas une surprise. Pour la première fois, le représentant au commerce des États-Unis (USTR) a ajouté un site français dans sa liste noire (.pdf) recensant toutes les plateformes considérées comme des plaques tournantes du piratage. Et il ne s'agit pas de n'importe quel espace, puisque c'est Wawa-Mania qui est dans le collimateur des autorités américaines.
L'affaire Wawa-Mania remonte à 2010. À l'époque, son fondateur, Dimitri Mader, était poursuivi par Microsoft, la Sacem et l'association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA) pour contrefaçon. Les évènements avaient pris une tournure singulière lorsqu'une association créée ad hoc, l'ATILD, avait pris la défense du site et de son fondateur, allant jusqu'à investir les locaux de l'ALPA.
Cette action, certes, spectaculaire, avait néanmoins soulevé quelques questions son utilité dans le combat contre la loi Hadopi et la défense d'une réforme du droit d'auteur. En outre, une possible tentative de blanchiment d'argent opérée – contre son gré – par l'intermédiaire de l'ATILD, est apparue au cours de l'été 2010, tandis que de nouvelles accusations contre Dimitri Mader sont apparues.
Aux dernières nouvelles, Dimitri Mader vit en Asie, ce qui n'est pas sans rappeler la trajectoire de Gottfrid Svartholm, alias Anakata, qui s'était rendu au Cambodge au moment du procès de The Pirate Bay, avant d'être finalement arrêté par la police et expulsé vers la Suède, dans le cadre de plusieurs affaires dans lesquelles il serait impliqué.
Selon le représentant américain au commerce, "Ce site héberge prétendûment de nombreux espaces de streaming privés et des forums "warez" (des forums qui fournissent des informations et des accès à des logiciels non autorisés. Alexa.com classe ce site dans le top 250 français, bien que nous sachions que les serveurs se situent ailleurs".
"Les autorités françaises ont déposé plainte contre le propriétaire du site, mais ont été incapables de le poursuivre dans la mesure où il aurait quitté le pays". En outre, la saisie du nom de domaine actuellement utilisé par Wawa-Mania n'est pas assurée, puisqu'il est lié au domaine de premier niveau de l'Équateur (.ec). Cependant, aucune procédure de ce genre n'a été lancée, à notre connaissance.
De façon plus générale, la liste de l'USTR interpelle. Selon le représentant américain au commerce, l'une des justifications avancées est que Wawa-Mania est dans le top 250 des sites français (selon les statistiques d'Alexa). S'il est aujourd'hui 309e, pourquoi la liste ne comporte-t-elle pas des sites comme T411 (59e) ou encore Zone-Téléchargement (94e) ?
La nature des sites en question n'est certainement pas en cause, puisque la liste noire de l'USTR regroupe des espaces très divers. On y trouve des portails d'indexation et des trackers BitTorrent, des plateformes de streaming, mais aussi des forums regroupant des liens de téléchargement direct (DDL) et même des moteurs de recherche.
Les éditions précédentes de la liste de l'USTR peuvent être consultées ici : mars 2011, décembre 2011 et décembre 2012. Celles-ci se renouvellent assez peu d'une mise à jour à l'autre, même si l'on peut toutefois noter le retrait d'IsoHunt et de Demonoid de la liste, dans la mesure où ces sites ont fini par disparaître. Idem pour Hotfile, BTJunkie ou encore MegaUpload.
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