Le ministère de l'éducation nationale a officialisé mardi la création de la Direction du numérique de l'éducation (DNE), qui devra favoriser le développement d'outils pédagogiques numériques pour l'école. Mais avec quelle vision éducative ?

Elle était annoncée depuis un an, elle est désormais réalité. Après avoir introduit un plan pour l'école numérique en 2013, qui vise à créer un véritable service public numérique de l'éducation, le ministère de l'éducation de Vincent Peillon officialise ce mardi matin la création d'une "direction du numérique pour l'éducation" (DNE), qui "correspond à la volonté forte du ministre de l’éducation nationale de faire du numérique un enjeu majeur pour l’école et la réussite des élèves".

La DNE sera dirigée par Catherine Becchetti-Bizot, inspectrice de l'éducation nationale, et coordinatrice du Rendez-vous des lettres, un événement annuel qui cherche à analyser "les métamorphoses du texte et de l'image à l'heure du numérique", à travers une série de colloques et d'ateliers. 

"Autant vous dire que c’est, à mon humble avis, la meilleure idée et le meilleur choix qui soient", se félicitait l'été dernier le blogueur Michel Guillou, expert des questions d'éducation et de numérique, lors de l'annonce du projet. "Cette inspectrice générale est la seule de ses confrères, et c’est assez désolant, à avoir une vision juste et moderne des enjeux du numérique et de la nécessaire éducation aux médias, à être capable aussi de donner plus de consistance et d’ambition dans les programmes à la littératie ou aux humanités numérique et médiatique".

Des contenus et des outils…

En pratique, la DNE comprendra deux services collaborant ensemble, l'un dédié au "développement du numérique éducatif", qui s'attachera particulièrement aux contenus et services en ligne qui peuvent être proposés aux enfants et aux enseignants, et l'autre aux "technologies et systèmes d'information", qui s'intéressera aux infrastructures, aux outils techniques et à la sécurité des projets développés.

Selon les termes du ministère, la DNE aura pour mission "de mettre en synergie tous les acteurs du numérique éducatif avec les systèmes d’information du ministère". Elle pourra même incuber des projets numériques à travers "le Numérilab' ", et devra chercher à "mutualiser les initiatives autour de grands projets innovants et à assurer leur valorisation", c'est-à-dire leur commercialisation. En France, et peut-être ailleurs en Europe et dans le monde.

Parmi ses nombreuses fonctions détaillées dans un décret publié ce mardi (voir ci-dessous), la Direction devra aussi s'occuper de la formation des enseignants au numérique. 

"Elément clé de la refondation de l’École, la diffusion des usages du numérique dans l’enseignement constitue un puissant levier de modernisation, d’innovation pédagogique et de démocratisation du système scolaire. Elle est également un formidable outil d’inclusion des enfants en situation de handicap", explique le ministère dans son communiqué.

… pour quelle vision ?

Reste à voir si l'éducation nationale est capable de modifier complètement son paradigme, en passant de la volonté de créer des têtes bien pleines, à une volonté de créer des têtes bien faites. A l'heure où la connaissance est à portée de clics et de doigts sur un écran tactile, l'enjeu de l'éducation numérique est moins d'apporter des outils pédagogiques numériques que d'apprendre à apprendre dans un environnement d'abondance de connaissances et d'informations.

L'idée maîtresse de l'éducation nationale ne doit plus être de lutter contre le copier-coller, mais d'apprendre à copier-coller-enrichir.

C'est notamment l'idée expérimentée aux Pays-Bas, où l'utilisation d'Internet a été autorisée pour des examens.

Se pose même la question de la place de l'école dans la société. Avant l'avènement des médias de masse, l'école permettait aux enfants de connaître autre chose du monde que leur seul village, et de s'ouvrir à des connaissances et des métiers qui n'étaient pas ceux de leurs parents et grand-parents. C'était, dans un monde fermé, une porte ouverte vers l'extérieur et vers la modernité. Or aujourd'hui, plus encore avec Internet qu'avec la télévision, c'est le quotidien de l'élève qui apparaît ouvert vers l'extérieur et vers la modernité, alors que l'école lui apparaît refermée et rétrograde. 

Le développement d'outils numériques aidera sans aucun doute à ce que l'école soit mieux acceptée, et plus efficace ; mais elle ne pourra faire l'économie d'une remise à plat de ses méthodes pédagogiques, pour qu'elles soient adaptées au monde hyperconnecté du 21ème siècle.

Selon l'article 11 du décret du 17 février 2014 qui crée la DNE, la Direction du numérique pour l'éducation est plus précisément chargée des missions suivantes :

Direction du numérique pour l'éducation :
 
La direction du numérique pour l'éducation est une direction commune au secrétariat général et à la direction générale de l'enseignement scolaire.
 
I. – La direction du numérique pour l'éducation assure la mise en place et le déploiement du service public du numérique éducatif.
Elle définit la politique de développement des ressources, des contenus et des services numériques pour répondre aux besoins de la communauté éducative. Elle crée les conditions d'un déploiement cohérent de ces ressources, et en assure la valorisation et la diffusion.
Elle assure une fonction d'impulsion, d'expertise et d'appui aux grands projets structurants du numérique éducatif.
Elle prépare les orientations stratégiques et les éléments de programmation en matière de numérique éducatif et de systèmes d'information.
Elle conduit la politique partenariale avec les acteurs publics et privés de la filière numérique.
Elle assure une fonction de veille, de prospective et de communication dans le domaine du numérique éducatif et de l'innovation.
Elle anime les réseaux pédagogiques, accompagne les pratiques, valorise les innovations dans le domaine du numérique.
Elle conçoit, dans le cadre des objectifs fixés par la direction générale de l'enseignement scolaire, les dispositifs de formation initiale et continue des enseignants au numérique et par le numérique.
Elle assure la coordination et l'animation des pôles académiques chargés de mettre en place la stratégie numérique dans les académies.
Elle coordonne le volet numérique de l'activité des opérateurs de l'enseignement scolaire, en lien avec la direction générale de l'enseignement scolaire et la direction des affaires financières, et définit les orientations stratégiques dans ce domaine.
 
II. – La direction du numérique pour l'éducation dispose d'une compétence générale en matière de pilotage et de mise en œuvre des systèmes d'information. A ce titre, elle représente les ministères auprès des structures interministérielles en charge des systèmes d'information et de communication.
Pour le ministère de l'éducation nationale, elle assure le cadrage opérationnel, technique et juridique des projets numériques et pilote les relations avec les partenaires concernés.
Elle assure la maîtrise d'ouvrage, la mise en œuvre et la maintenance de l'infrastructure technique adaptée à ces projets.
Elle conçoit, met en œuvre et assure la maintenance des systèmes d'information et de communication.
Elle élabore, en lien avec les maîtrises d'ouvrage, le schéma stratégique des systèmes d'informations et des télécommunications, et conduit sa mise en œuvre opérationnelle.
Elle assure la maîtrise d'œuvre des projets informatiques et numériques et en propose la programmation budgétaire.
Elle assure une mission de contrôle de gestion dans le domaine du numérique pour l'éducation.
Pour le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, la direction du numérique pour l'éducation participe, avec les directions en charge de la maîtrise d'ouvrage, à l'élaboration du schéma stratégique des systèmes d'informations et des télécommunications. Elle peut assurer la maîtrise d'œuvre des projets et la maintenance des infrastructures techniques définis dans ce cadre.
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