« Travailleurs indépendants : Deliveroo lance la première couverture sociale complémentaire gratuite pour les livreurs en France. » L’annonce de l’entreprise britannique, relayée le 7 septembre 2017 dans un communiqué, ne semble pas parvenir à faire retomber les réticences d’une partie des coursiers qui offrent leurs services à la société de livraison de repas à domicile.
Depuis le 1er septembre, Deliveroo annonce ainsi faire bénéficier aux livreurs qui pédalent en arborant le sac à dos caractéristique de la startup une « assurance entièrement gratuite pour les travailleurs indépendants en cas d’accident pendant leur course. » Une garantie que l’entreprise précise avoir négocié avec AXA France, en vertu de laquelle les coursiers se verront rembourser leurs frais médicaux en cas d’accident lors d’une course effectuée pour Deliveroo.
La startup veut en finir avec le paiement à l’heure
Or, cette annonce intervient dans un contexte particulier ; en effet, des coursiers expriment leur inquiétude depuis que l’entreprise a fait connaître sa volonté de modifier son système de paiement.
Pour rappel, les autoentrepreneurs qui ont enfourché pour la première fois leur vélo sous l’égide de Deliveroo avant août 2016 sont payés à l’heure (7,5 €). Les coursiers arrivés après cette date sont moins bien lotis, et payés à la course (5 € en région, 5,75 € à Paris). Fin juillet, les livreurs de la première catégorie ont été priés dans un courriel envoyé par Deliveroo de signer un nouveau contrat afin d’être désormais payés à la course.
Deliveroo s’était alors fendu d’un communiqué adressé à diverses rédactions pour justifier en quoi, selon l’entreprise, la fin des contrats horaires serait bénéfique pour les autoentrepreneurs à vélo. Cette missive de la firme n’est, à nouveau, pas parvenue à faire retomber la colère des coursiers. Parmi eux, une pluralité de collectifs militants a conclu à la nécessité d’organiser une manifestation commune en France les 27 et 28 août.
En dépit de ces mouvements, Deliveroo n’a pas revu sa position et a plutôt décidé de lancer, au lendemain de la mobilisation des coursiers, une app permettant aux autoentrepreneurs de planifier leur trajet. Désormais, c’est l’annonce de cette couverture sociale complémentaire gratuite qui est l’objet d’un différend entre la startup et ses prestataires mécontents.
Une réponse « marketing » face à la contestation
Le 1er septembre 2017, une délégation de livreurs a rencontré la direction de la société Deliveroo. Soit un peu moins d’une semaine avant l’annonce du lancement de la couverture sociale gratuite proposée aux livreurs. Contacté par nos soins, un représentant du CLAP (le Collectif de Livreurs Autonomes de Paris) estime que l’instauration de cette assurance répond surtout à une volonté de « marketing » de la part de Deliveroo.
« Ce n’est pas une réponse à une négociation, nous explique-t-il par téléphone. La réunion qui a été organisée ne parlait pas de protection sociale, mais était là pour poser les bases du dialogue. Ils ont peut-être accéléré le processus en raison du mouvement contestataire. »
Une assurance prévue de longue date ?
De son côté, Deliveroo nous précise avoir travaillé sur ce projet d’assurance gratuite depuis longtemps. « C’est une couverture sociale que nous préparons depuis un an. Vendredi (NDLR 1er septembre 2017), nous avons eu une demande de rencontre de la part des coursiers, que nous avons effectivement vus le jour même. À cette occasion, nous n’avons pas souhaité parler de cette couverture sociale, car ce n’était pas le sujet de cette réunion. »
Le livreur estime que lui et ses pairs ne vont pas tirer un véritable avantage de l’instauration de cette assurance. « Deliveroo prétend nous offrir cette couverture sociale, en réalité nous payons doublement cette tarification sociale. Nos tarifs sont baissés, et cette assurance ne leur coûte rien du tout. On nous pousse à prendre des risques, et ensuite on nous pousse à prendre une assurance. Ils auraient dû y penser dès le départ. Maintenant qu’ils ont 7500 coursiers, ils peuvent se permettre de nous acheter une assurance. Ce n’est rien de moins qu’une communication sucrée », poursuit le cofondateur du CLAP.
Nous payons doublement cette tarification sociale
« Cette couverture sociale répond à une demande des livreurs de davantage de protection, répond le porte-parole de Deliveroo à cette invective. Au total, nous avons organisé une centaine d’heures de réunions de travail avec les livreurs. C’était techniquement compliqué à mettre en place, mais nécessaire, car il n’y avait pas d’offre sur le marché pour les livreurs auparavant. »
La situation sociale est donc loin d’être, pour l’heure, résolue au sein de la startup Deliveroo. Le lancement de cette assurance gratuite semble continuer, au contraire, à envenimer la tension en s’ajoutant aux précédents points de désaccord entre l’entreprise et ses coursiers dissidents.
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