Assiste-t-on à un divorce entre Washington et la Silicon Valley ? En tout cas, le temps où Barack Obama déjeunait gaiement avec les principaux leaders des technologies de l'information et de la communication (comme Google, Apple, Facebook ou encore Yahoo) semble bel et bien révolu. Depuis qu'Edward Snowden a révélé les activités secrètes de la NSA, le fossé s'est creusé entre eux.
Le dernier signe des tensions croissantes entre le gouvernement américain et les grandes entreprises d'Internet s'est manifesté dans le message publié jeudi soir par Mark Zuckerberg. Dans celui-ci, le fondateur de Facebook estime que Washington est en train de devenir une menace pour Internet à cause des activités de ses agences de renseignement alors qu'il devrait plutôt en être le champion.
"Lorsque nos ingénieurs travaillent sans relâche pour renforcer la sécurité, nous imaginons que nous vous protégeons des criminels et pas de notre propre gouvernement", a-t-il déclaré, ajoutant avoir personnellement joint au téléphone Barack Obama pour lui faire part de sa crainte concernant les dégâts que le scandale de la surveillance de masse risquent d'avoir sur l'avenir du réseau.
"Internet fonctionne parce que la plupart des gens et des sociétés vont dans le même sens. Nous travaillons ensemble pour créer un environnement sûr", a rappelé le milliardaire. "C'est pourquoi je suis si troublé et si frustré par les articles successifs sur le comportement du gouvernement", a-t-il poursuivi, réclamant au passage une plus grande transparence de Washington et une réforme de la surveillance.
Facebook et la vie privée
Les commentaires de Mark Zuckerberg sur les activités d'espionnage des agences gouvernementales sont pour le moins inattendus, dans la mesure où Facebook a souvent été épinglé pour avoir eu une politique en matière de vie privée et de confidentialité des données pas toujours en phase avec les attentes de ses membres ou des législations nationales dans lesquelles il évolue.
D'ailleurs, le fondateur de Facebook n'avait-il pas estimé lui-même en 2010 que la vie privée était une norme sociale qui avait finalement évolué avec le temps ? Et que les individus avaient désormais un rapport à la confidentialité différent ? N'avait-il pas aussi affirmé que s'il devait recréer Facebook aujourd'hui, il opterait pour des réglages publics par défaut ?
Cela étant, Facebook est aussi fournisseur de services en ligne. Avec le scandale de la NSA, le réseau social est aujourd'hui confronté à un problème de confiance des utilisateurs dans la mesure où il constitue un silo à données personnelles très intéressant pour les agences de renseignement. Mark Zuckerberg est-il sincère en s'insurgeant contre Washington ? En tout cas, il défend aussi les affaires de son site.
Des fausses pages Facebook déployées par la NSA ?
Le coup de sang de Mark Zuckerberg fait suite à la publication d'une nouvelle vague d'informations issues des documents confidentiels qu'Edward Snowden a pu dérober lorsqu'il travaillait pour le gouvernement américain. La NSA serait parvenue à placer des logiciels malveillants dans une myriade d'ordinateurs dans le monde, grâce à l'utilisation de fausses pages Facebook. La NSA a démenti (.pdf)
Reste que le site communautaire n'est pas non plus tout blanc dans cette histoire. Nonobstant la vision très personnelle de Mark Zuckerberg vis-à-vis de la confidentialité des données, il faut se souvenir que Facebook est concerné depuis 2009 par le programme PRISM, bien que le réseau social n'ait sans doute pas vraiment le choix (idem pour les autres leviers légaux, comme le Patriot Act et FISA).
Cela étant, Facebook était-il au courant de tous les autres programmes exploités par les agences de renseignements pour collecter un maximum d'informations sur Internet ? Vu leur teneur, certainement pas. Classés top secret, ils étaient exploités à l'insu de Facebook et des autres géants du web. Or, même si ces derniers coopèrent avec le gouvernement, beaucoup considèrent que la NSA va beaucoup trop loin.
( photo : LA Times )
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !