En matière de photographie, comment concilier d'une part le droit à la vie privée et le droit à l'image des personnes photographiées sans leur accord, et d'autre part le droit à la liberté d'expression ou à la liberté de création artistique ?
En France, la Cour d'appel de Paris a tranché la question dans un arrêt du 5 novembre 2008, qui dit que "le droit à l'image doit céder devant la liberté d'expression chaque fois que l'exercice du premier aurait pour effet de faire arbitrairement obstacle à la liberté de recevoir ou de communiquer des idées qui s'expriment spécialement dans le travail d'un artiste, sauf dans le cas d'une publication contraire à la dignité de la personne ou revêtant pour elle des conséquences d'une particulière gravité". Le principe est la liberté du photographe, le droit du photographié n'est que l'exception.
Mais à l'heure des réseaux sociaux où l'on diffuse ses clichés sur Facebook, et surtout avec le développement des techniques de reconnaissance faciale, la question de l'équilibre des droits prend une autre tournure. Il ne s'agit plus seulement d'éviter d'être reconnaissable par quelques personnes dans une exposition ou dans un livre de photos, mais bien d'éviter d'être reconnu et traqué de façon automatisée lorsque l'on a pas recours à des techniques de dissimulation qui de toute façon, du fait de la loi anti-cagoules (ou anti-burqas), sont largement interdites.
En Hongrie, le Gouvernement a tranché en faveur du droit des passants qui se retrouvent sujets malgré eux d'une photographie prise dans la rue. Depuis ce samedi 15 mars, les photographes doivent s'assurer d'avoir le consentement de toutes les personnes visibles sur leurs photographies, ce qui met en émoi la profession.
Certains critiques estiment que la loi est en réalité faite pour censurer certaines photographies de policiers, qui sont les seuls à avoir le pouvoir de demander leur identité à ceux qui les prennent en photo. "Le vrai danger c'est que les entreprises de sécurité privées ou la police essayeront de mettre les reporters ou photojournalistes à l'écart de certaines zones, ou tenteront de les empêcher de prendre des photos de leurs actions", résume l'un d'eux.
Jusqu'à présent, la loi hongroise autorisait les photographies de policiers, mais demandait que les visages soient floutés, comme c'est le cas en France pour les forces spéciales.
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