La semaine dernière, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan est passé des menaces à l'action en ordonnant aux fournisseurs d'accès à Internet de bloquer Twitter en Turquie, dans un climat délétère. Alors que le premier ministre turc souhaite lutter contre la propagation d'informations qui discréditent sa politique et mettent à mal sa probité, le gouvernement s'est appuyé entre autres sur la protection de la vie privée et la lutte contre les contenus "discriminatoires" ou "insultants" pour justifier la censure de Twitter.
"Je me moque de ce que pourra dire la communauté internationale. Ils verront alors la force de la Turquie", avait tonné Erdogan.
Mais très vite, les premières astuces avaient circulé pour permettre aux Turcs de continuer à utiliser le réseau social pour s'exprimer et communiquer ensemble, dans un pays où la liberté d'expression est en net recul. Twitter lui-même avait mis en place un système de tweets par SMS, mais surtout le blocage n'était opéré que par modification des enregistrements des noms de domaine de Twitter dans les serveurs DNS des FAI. Il suffisait donc de changer de serveur DNS pour contourner la censure.
Mieux, l'effet contraire à celui espéré par le premier ministre s'est produit. Alors que les autorités voulaient empêcher l'accès à Twitter, le réseau social a gagné 138 % de trafic supplémentaire suite à son blocage, grâce à la publicité offerte par la tentative de censure.
Cependant, selon Ars Technica, la Turquie a décidé de muscler son blocage. Désormais, les FAI ont ordre de bloquer non seulement les noms de domaine de Twitter, mais aussi les adresses IP de ses serveurs. Il ne reste donc plus aux internautes turcs que le SMS (qui reste une méthode peu commode), ou l'utilisation d'un VPN ou de réseaux de proxys comme Tor — dont le trafic explose à son tour.
Selon un site officiel turc, l'adresse IP principale de Twitter.com (199.16.156.6) est bien bloquée en Turquie.
Sur son propre compte Twitter, le président turc Abdullah Gül a dit vendredi s'opposer à un blocage total de Twitter, estimant qu'il fallait ne bloquer que les messages litigieux. "J'espère que ça ne prendra pas longtemps", a-t-il conclu.
Umar?m bu uygulama uzun sürmez.
— Abdullah Gül (@cbabdullahgul) 21 Mars 2014
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