Ce n’est pas l’année 2016 qui a inventé la désinformation, mais il faut reconnaître que la campagne politique de Donald Trump a atteint des sommets — sans parler de la campagne présidentielle française. Le terme « fake news » est devenu tristement célèbre pour parler, entre autres, de la dynamique virale qui les entoure : leur diffusion est amplifiée par les mécaniques de partage des réseaux sociaux qui, petit à petit, reconnaissent leur responsabilité dans ces affaires. Facebook s’est par exemple associé à plusieurs associations de journalistes à travers le monde pour tenter de démasquer les fake news, afin qu’un article faux soit identifié comme tel sur le réseau.
Problème : d’après des chercheurs en psychologie, cela ne fonctionne pas.
L’université de Yale a publié une étude qui tend à montrer que toute la bonne volonté du réseau social et des journalistes qui participent à ce mouvement de vérification des faits est, en fait, extrêmement limité. La mention « Mis en question par des fact-checkers indépendants » présente sur les fake news identifiées comme telles n’aurait pratiquement aucun effet : la mention a seulement permis de faire en sorte qu’un titre faux soit jugé 3,7 % de plus comme tel que le même titre sans la mention.
Pire : l’effet secondaire négatif de cette politique fact checking serait bien réel et ne dépendrait pas de la bonne volonté des participants. En effet, le fait que les fact-checkers soient des humains et aient des moyens limités ne leur permet pas de vérifier toutes les fake news qui sont diffusées sur Facebook. Résultat : le fait qu’un label soit appliqué à certaines fake news rassure en moyenne les participants de l’étude sur toutes les autres informations. Cela signifie qu’une fake news qui n’aurait pas été estampillée comme telle pour une raison ou pour une autre a tendance à être perçue comme plus digne de confiance qu’avant car les internautes se sentent en confiance.
David Rand, l’un des psychologues qui a porté l’étude, a déclaré que ces résultats « ne montraient pas clairement si ces initiatives étaient strictement positives ». Avant d’ajouter : « Tous les effets sont négligeables. Même si on suppose que ces initiatives ont un effet positif, c’est un tout petit effet. Clairement insuffisant pour résoudre le problème ». Le psychologue appelle désormais Facebook à publier plus de données sur ces initiatives pour enrichir notre savoir sur leur effet réel : en l’absence d’outils pour conduire ces expérimentations dans l’environnement fermé du réseau social, l’équipe a dû transposer les conditions de l’étude dans un autre contexte, ce qui ajoute une variable d’erreur.
Peut-être qu’une solution radicale à la crise des fake news est à trouver ailleurs.
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