« Nous devons reconnaître que la Chine et les États-Unis avancent bien plus rapidement que nous [les Européens] sur la mobilité électrique » a déclaré le commissaire européen à l’énergie Maros Sfcovic au journal allemand Sueddeutsche Zeitung dans une interview. Le diplomate slovaque vise dans ces propos l’industrie du vieux continent qui patinerait face aux nouveaux acteurs de la mobilité.
Un Tesla européen, façon Airbus
Voyant dans le défi des batteries un enjeu central de la mobilité de demain, M. Sfcovic s’inquiète de l’éventuelle dépendance des voitures électriques aux produits américains et chinois.
Il constate une situation qui serait comparable à celle des années 1970 lorsque les Européens ne parvenaient pas à surmonter leur retard industriel face à Boeing dans l’aéronautique. Un défi qui ne sera complété que grâce à l’union des savoirs et capitaux dans la transnationale Airbus. Ainsi, ce serait un « Airbus des batteries » qui devrait être à l’ordre du jour industriel selon le slovaque.
Alors que la question d’échelle est déterminante pour la production de batteries, l’atomisation des acteurs européens serait une faiblesse du secteur. Sur le vieux continent, les produits asiatiques restent ainsi moins chers à l’importation malgré les distances parcourues par les batteries lithium-ion. Sfcovic qui juge la technologie « trop importante pour être importée de l’étranger » voudrait envoyer un signal aux constructeurs et industriels européens.
Ces déclarations faites en marge du salon automobile de Francfort (IAA) interviennent alors que les constructeurs du vieux continent présentent régulièrement des modèles électriques sans toutefois assurer une indépendance technique face à leurs fournisseurs de batteries.
« Notre objectif est d’emmener des véhicules utilisant des énergies alternatives le plus rapidement possible dans les rues. »
Encourageant le marché, le commissaire a en outre précisé : « Notre objectif est d’emmener des véhicules utilisant des énergies alternatives le plus rapidement possible dans les rues. » Promettant par la même occasion un fonds public d’aide à la recherche et au développement de 2,4 milliards d’euros. Un coup de pouce qui pourrait introduire des lois sur la production de véhicules à l’instar d’une part obligatoire de véhicules électriques. Une réglementation éventuelle que Sefcovic veut voir comme un « signal ».
Cette incitation serait proche de celle légiférée par la Chine. Reste à savoir si l’interventionnisme européen n’aura pas le même effet que celui de la République Populaire de Chine qui a créé une véritable « bulle » financière qu’il a fallu désamorcer brutalement.
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