Nommée au poste de secrétaire d'État au numérique suite au remaniement ministériel, Axelle Lemaire est particulièrement attendue sur certains dossiers, allant de la neutralité du à l'exercice des libertés fondamentales sur la toile. Rattachée à Arnaud Montebourg, parviendra-t-elle à faire entendre sa voix, elle qui s'est montrée sensible aux droits des internautes ?
Depuis son arrivée dans le gouvernement Valls, Axelle Lemaire n'avait pas vraiment eu l'occasion de préciser ses intentions. Mais à l'occasion d'un entretien accordé au Point, des informations ont été apportées sur la politique qu'elle entend conduire… si tant est qu'elle puisse disposer d'un espace suffisant pour manœuvrer, tant la transversalité du numérique pousse les autres ministères à jouer leur propre partition.
Sur les libertés et la vie privée
La secrétaire d'État estime par exemple qu'il "faut garantir la liberté offerte par Internet, facteur de démocratie et de progrès, par l'affirmation du respect de la vie privée et des données personnelles". Dès lors, il convient de "rétablir un Internet qui garantit l'exercice des libertés fondamentales".
Sur la neutralité du net
Axelle Lemaire est par ailleurs "favorable à une neutralité qui est clairement affirmée et dont le principe s'applique aux réseaux comme aux grandes plateformes de services" et se dit prête à soutenir "toutes les évolutions qui permettent de garantir un Internet ouvert".
Sur l'ouverture des données publiques
Quant à l'ouverture des données publiques, la franco-canadienne soutient le "principe de transparence de l'action publique". Selon elle, "le numérique doit servir à la transparence de la vie publique et à l'amélioration concrète des services rendus au public".
Sur l'économie numérique
En résumé, "tout l'enjeu est de préserver les principes fondateurs d'ouverture et de liberté et de garantir le respect de la vie privée en particulier, tout en construisant un environnement économique favorable à la croissance par le numérique", dit-elle.
Quelle marge de manœuvre ?
Bien qu'encourageante de prime abord, la politique qu'entend appliquer par Axelle Lemaire s'inscrira dans un gouvernement dont l'équipe (précédente ou actuelle) a été à l'origine de plusieurs textes législatifs qui ont posé d'immenses problèmes aux défenseurs des libertés individuelles, comme la loi de programmation militaire (LPM), la loi sur la prostitution qui devait élargir le filtrage, ou la loi sur la géolocalisation policière.
Autrement dit, si Axelle Lemaire s'est montrée critique à l'égard de cette politique, ainsi qu'à l'égard du vote électronique à distance, son action sera très probablement limitée ou entravée par l'ingérence d'autres ministères, comme celui de la culture, dont le projet de loi Création pourrait porter un rude coup à la neutralité du net tout en confiant au CSA la possibilité de lister et de réguler les moyens de filtrage que les FAI devront proposer à leurs abonnés, voire imposer par défaut sur leurs réseaux.
Ce même CSA qui veut pouvoir dresser la liste de ce qu'il veut contrôler sur le web et attribuer un label "site de confiance" aux sites qui s'engageraient à respecter certaines règles d'auto-censure, et d'imposer aux logiciels de contrôle parental qu'ils bloquent l'accès aux sites non labellisés. Sans parler d'autres sujets tout aussi sensibles, allant du sexisme sur Internet à la la censure sur Twitter.
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