Il avait été esquissé par Emmanuel Macron pendant sa campagne électorale pour la présidentielle. Lundi 25 septembre, les contours du Grand Plan d’Investissement ont été précisés lors d’une présentation à Matignon faite par le premier ministre Édouard Philippe. Comme prévu, une large part de ce programme est réservée au numérique, notamment pour les services publics.
Ce plan, qui va se déployer sur cinq ans, est finalement doté d’une enveloppe globale de 57 milliards d’euros (et non 50 milliards comme le chiffrait au départ le président de la République, alors candidat) qui sera utilisée pour soutenir quatre priorités que le chef de l’État a déterminées : la transition écologique (20 milliards d’euros), l’accès à l’emploi (15 milliards), l’innovation (13 milliards) et le numérique (9 milliards).
Télémédecine
Concernant le numérique, il s’agit en fait de « construire l’État de l’âge numérique ». Durant sa campagne, Emmanuel Macron n’avait pas rattaché énormément de thématiques avec ce projet de Grand Plan d’Investissement. Tout juste indiquait-il que l’e-santé « sera[it] un axe majeur du grand plan d’investissement », pour répondre à la fois au problème des déserts médicaux et réaliser des économies.
La présentation du premier ministre a permis de préciser les moyens qui vont être mis à contribution pour la télémédecine : 50 millions d’euros. Il s’agit, avec ce montant, « de renforcer la présence médicale dans les territoires, notamment dans les territoires ruraux et dans les territoires ultramarins, où l’organisation de téléconsultations permettra de faciliter l’accès aux soins ».
Plus précisément, il s’agit d’équiper certaines régions avec des « équipements numériques » adéquats afin de pouvoir assurer à distance des consultations, payer ou utiliser sa carte Vitale. Le premier ministre a toutefois tenu à préciser que seront pris en compte les cas où des patients et des patientes ne veulent ou ne peuvent se servir des outils numériques, en consultation ou pour toute autre situation.
Numériser l’hôpital
Un autre axe du plan, toujours dans le domaine du numérique, est la « numérisation des hôpitaux et des environnements ». Doté d’une enveloppe plus fournie avec 420 millions d’euros, ce programme vise à succéder à l’Hôpital Numérique et « accélérer la transformation numérique des établissements de santé pour rapprocher les hôpitaux de leurs patients ».
Plus précisément, il s’agit d’uniformiser l’expérience du patient lorsqu’il doit passer d’un établissement à l’autre sans perdre en services ou en qualité de prestation. Mais surtout, il s’agit de faciliter le transfert des informations sur les personnes hospitalisées — des données forcément sensibles — entre les hôpitaux mais aussi les cliniques et tous les professionnels de santé concernés.
L’exécutif explique qu’avec ce plan, des services permettant la prise de rendez-vous, la pré-admission, le paiement, la demande d’information sur l’hospitalisation d’un proche ou bien l’emploi du dossier médical personnel universel verront le jour. On note toutefois qu’il n’est pas fait mention d’un aspect pourtant essentiel, la sécurité. Or, on l’a vu avec la propagation de WannaCrypt, les hôpitaux sont des cibles.
Transformer l’action publique
Troisième exemple présenté par le gouvernement pour sa politique en direction d’un « État de l’âge numérique », l’action publique. Pour cette action, l’exécutif prévoit un fonds doté de 700 millions d’euros qui doit « financer des projets qui génèreront des économies durables (1 euro investi pour 1 euro économisé à horizon de 3 ans) ». Des appels à projets seront lancés.
Le gouvernement donne quelques pistes pour lesquelles le fonds pourrait être employé : généraliser le paiement électronique pour l’ensemble des services ouverts au public (des cantines scolaires aux musées) ou déployer « des nouveaux outils de ciblage pour les contrôles de l’administration, mieux priorisés en fonction des enjeux, ou pour mieux coordonner les différents contrôles intervenant sur les entreprises ».
Ce fonds servira aussi à numériser les services publics. C’est un objectif affiché par le chef de l’État depuis sa campagne présidentielle, avec comme échéance 2022, où la totalité des démarches administratives devra pouvoir être effectuée en ligne. À ce sujet, Édouard Philippe s’est rendu cet été en Estonie, un pays en pointe dans ce domaine, pour voir ce qui est fait sur place et copier les meilleures pratiques.
D’autres investissements
Ces axes ne sont que quelques-unes des pistes que le gouvernement va être amené à suivre au cours des cinq ans ; d’autres fonds issus de l’enveloppe initiale de 9 milliards d’euros, et dont les objectifs et les bénéficiaires ne sont pas encore précisés, seront débloqués au cours du mandat d’Emmanuel Macron, toujours dans le cadre de la santé (5 milliards) et des services publics (4 milliards).
Enfin, il convient de noter que certains pans des trois autres priorités définies par ce Grand Plan d’Investissement peuvent avoir une facette numérique. C’est par exemple le cas pour les « expérimentations innovantes en faveur de la formation des maîtres et des professeurs », qui vont devoir tenir compte du numérique, qui est actuellement en train de transformer la pratique de l’enseignement.
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