Il y a un peu moins d'un an, Edward Snowden révélait au monde l'existence de plusieurs programmes de surveillance électronique par l'entremise de deux journaux, le Guardian et le Washington Post. Depuis cette date, on ne compte plus les très nombreux détails sur des informations classées top-secrètes qui paraissent très régulièrement dans la presse sur l'étendue de l'espionnage de masse.
Onze mois après les premières publications dans les médias, les documents qu'a dérobés l'ancien analyste de la NSA sont encore loin d'avoir livré tous leurs secrets. Il faut dire que l'ex-employé des services de renseignement a confié une "montagne" de données à ses contacts journalistiques, selon les propres mots de Glenn Greenwald, qui vient justement de mettre en lumière de nouvelles informations.
La NSA piège les routeurs, les serveurs…
Dans le Guardian, le journaliste a dévoilé ce lundi que la NSA – qui est véritablement au cœur du scandale – implante secrètement des logiciels espions et des portes dérobées (backdoors) dans du matériel américain destiné à l'export, afin de faciliter la pénétration des réseaux informatiques d'autres pays pour y intercepter leurs communications électroniques.
D'après le quotidien, des routeurs, serveurs et autres appareils de réseau seraient régulièrement interceptés par l'agence de sécurité nationale. À lire Glenn Greenwald, certains de ces produits seraient même "réceptionnés" par la NSA, ce qui laisse à penser qu'il existe des complicités avec certains fabricants de matériel informatique.
Les éléments rapportés cette semaine par le journaliste viennent préciser des informations qui avaient déjà été publiées en décembre dernier par le journal allemand Der Spiegel. Celui-ci avait en effet rapporté que la NSA dispose de nombreux outils pour installer des mouchards sur les ordinateurs, notamment avant que ceux-ci ne soient livrés aux clients finaux.
Toujours selon le quotidien publié outre-Rhin, l'agence de sécurité nationale américaine est accusée de concevoir des logiciels malveillants pour la grande majorité des routeurs professionnels vendus par des sociétés américaines spécialisées en équipements de télécommunications (Cisco, Juniper, Dell…).
Le matériel chinois brocardé
Ironie de l'histoire, c'est la crainte de découvrir que les équipements informatiques chinois contiennent des logiciels espions et des portes dérobées qui a poussé la Maison-Blanche à recommander de ne pas faire appel aux services de Huawei et ZTE, deux géants chinois spécialisés dans les technologies de l'information et de la communication, pour les infrastructures de cœur de réseau.
C'est cette même crainte qui a conduit en 2012 le sénateur et ancien ministre Jean-Marie Bockel à suggérer de ne pas acquérir des routeurs chinois, soupçonnés d'offrir une porte dérobée aux services d'espionnage de la Chine. Dans son rapport sur la cyberdéfense, il n'a certes pas oublié de mentionner le risque posé par le matériel américain, sans toutefois se montrer aussi insistant qu'avec les produits chinois.
La requête de l'élu est une option qu'envisage le gouvernement, officiellement au nom de la sécurité nationale et officieusement pour trouver un prétexte pour fausser la concurrence internationale.
Si les soupçons à l'égard du matériel chinois sont peu documentés, ou n'ont pas été corroborés, la question se pose de savoir quelle sera la réaction des pouvoirs publics vis-à-vis de ces nouvelles informations. Prendront-ils des mesures contre le matériel américain, afin de limiter les indiscrétions de la NSA ?
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