Rendu mardi, l'arrêt de la cour de justice de l'Union européenne sur le droit à l'oubli continue de faire couler beaucoup d'encre. Alors que quelques personnalités politiques ont salué cette décision, à l'image de Michel Barnier, commissaire européen au marché intérieur, d'Arnaud Montebourg, ministre de l'économie, et Axelle Lemaire, secrétaire d'État au numérique, d'autres déplorent la position de l'institution.
C'est le cas de Reporters Sans Frontières, qui dans un communiqué publié mercredi considère qu'il s'agit d'un verdict "attentatoire à la liberté de l’information" puisqu'il "ouvre pour chacun la possibilité de retirer des pages accessibles par les moteurs de recherche toute information à son propos qui lui déplaît", quand bien même il s'agirait d'une "citation de presse légitime et légale".
Comme nous l'expliquions mardi, la cour de justice de l'Union européenne exige désormais de Google qu'il donne la possibilité aux internautes d'obtenir le retrait de liens qui mènent vers des pages web dans lesquelles des données les concernant sont publiées, y compris lorsque celles-ci sont publiées en toute légalité. Et tant pis pour la liberté d'information.
Le tribunal luxembourgeois a dans le même mouvement délégué à la firme de Mountain View – et de fait aux autres moteurs de recherche – la responsabilité d'arbitrer au cas par cas entre le respect de la vie privée d'un individu et le droit à l'information du public. Et si Google ne répond pas favorablement à la demande d'un internaute, ce dernier pourra passer par la voie judiciaire.
Pour Reporters Sans Frontières, au-delà des problèmes engendrés par cet arrêt, la question qui se pose est de savoir si ce droit ne sera pas à un moment ou à un autre "élargi aux personnes morales, nous faisant basculer dans un monde d’information totalement maîtrisée".
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