Faute d'avoir accès aux revenus publicitaires ou aux plateformes de paiement qui lui permettraient de recevoir des dons, le tracker GKS.gs (Guiks) a annoncé qu'il fermerait ses portes à la fin du mois prochain. Un cas d'école pour le rapport MIQ, qui préconise d'assécher les ressources des sites pirates.

Appelez ça un paradoxe ou une coïncidence étonnante. La présidente de la commission de protection des droits de l'Hadopi, Mireille Imbert-Quaretta (MIQ), a peut-être trouvé dans un site pirate son meilleur attaché de presse pour défendre le rapport qu'elle a remis la semaine dernière, sur les moyens de lutter contre la contrefaçon commerciale.

Dans son rapport, MIQ propose en effet entre autres mesures extra-judiciaires de mettre la pression sur les régies publicitaires et les prestataires de paiements, pour qu'ils cessent de collaborer avec les sites qui font directement ou indirectement commerce du piratage. Les intermédiaires financiers se verront ainsi communiquer une liste noire de clients à boycotter, établie par l'administration.

Or le jour-même où MIQ remettait son rapport entre les mains de la ministre de la culture Aurélie Filippetti, le tracker BitTorrent GKS.gs (anciennement Guiks), qui était considéré comme une référence du genre en France, annonçait qu'il fermerait ses portes le 30 juin prochain, faute d'avoir les moyens financiers de continuer à exister.

Se faire plus discret

"Depuis quelques mois, nous faisons l’objet de blocages (probablement dû à des dénonciations) de nos solutions de paiement (d’abord Paypal et maintenant Stripe qui n’a tenu qu’1 mois) permettant de recevoir les dons", a expliqué GKS.gs à ses membres. "Il est par conséquent devenu très difficile de financer le tracker (et ses services) sans que cela ne soit un calvaire pour la personne qui s’en occupe. Certes, d’autres solutions de paiement existent mais à terme, nous rencontrerons les mêmes problèmes".

En conséquence, d'autres sites de liens BitTorrent ont décidé de se faire plus discrets, pour tenter de passer entre les mailles du filet. L'un des principaux trackers sur invitations privées a ainsi annoncé dès le lendemain qu'il mettait fin à toutes nouvelles inscriptions. "Certains ne comprendrons jamais l'importance de rester discret face au caractère de plus en plus controversé du partage et de la neutralité sur le net, alors, ne vous étonnez pas de voir vos trackers favoris disparaître !", se lamentait-il.

Faut-il en conclure que la lutte financière contre les sites de piratage peut-être efficace ? L'avenir le dira. Tout dépendra, notamment, du succès des monnaies décentralisées comme BitCoin.

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