La justice américaine n’a pas donné une suite favorable à la requête de trois médias qui demandaient des précisions sur l’outil de déblocage utilisé par le FBI pour contourner le verrouillage d’un iPhone 5C chiffré. Celui-ci avait été récupéré après la fusillade de San Bernardino, fin 2015.

Qui a conçu l’outil qui a servi à déverrouiller l’ iPhone 5c chiffré qui avait été retrouvé après la fusillade de San Bernardino ? Et surtout, combien a coûté l’acquisition d’une telle technologie ? À ces deux questions, nous n’obtiendrons aucune réponse. En tout cas, pas dans l’immédiat. En effet, l’action en justice intentée contre le FBI pour qu’il y réponde n’a pas abouti.

En décembre 2015, une fusillade éclate à San Bernardino aux États-Unis. Syed Rizwan Farook et Tashfeen Malik, deux personnes qui ont prêté allégeance à l’État islamique, tuent 14 personnes et en blessent 23 autres avant d’être abattus. Dans le cadre de l’enquête, un iPhone 5C appartenant à Syed Rizwan Farook est retrouvé, point de départ d’un bras de fer judiciaire entre le FBI et Apple.

Dans sa décision rendue le 30 septembre et rapportée par ZDNet, la magistrate a mis en avant la nécessité de protéger l’identité de la société à l’origine du produit face à la menace de tiers mal intentionnés éventuels : selon elle, livrer son nom reviendrait à l’exposer dangereusement et pourrait entraîner par voie de conséquence la perte de l’outil de piratage.

Il apparaît que les arguments avancés par la police fédérale ont fait mouche. Le FBI a en effet souligné le risque d’attaques informatiques qui sont susceptibles de toucher le fabricant dès que son nom sera divulgué sur la place publique. Non pas tant pour le « punir » pour avoir coopéré avec le FBI ou mis au point l’outil, mais plutôt pour casser son infrastructure et s’emparer de l’outil.

Une fois dérobé, l’outil pourrait ainsi servir à ces tiers pour déverrouiller des mobiles du même type (ou pas) — des iPhone 5C utilisant iOS 9.0 en système d’exploitation — ou, plus gênant, comme base de travail pour élaborer de nouvelles solutions de déchiffrement pour nuire à d’autres terminaux vendus par Apple. Le scénario imaginé par le FBI est catastrophique, mais il a payé devant la juge.

Freedom of Information Act

Du côté des demandeurs, trois médias (Associated Press, Vice Media et la maison-mère d’USA Today, Gannett), l’action a été fondée sur la Freedom of Information Act, une loi qui oblige les agences fédérales américaine à transmettre leurs documents à quiconque en fait la demande, au nom de la liberté d’information. Pour eux, le FBI n’avait avancé « aucune justification adéquate » pour justifier ces secrets.

Si aucune certitude n’existe quant à l’identité du fabricant et au montant versé par le FBI pour acquérir l’outil, des indices laissés par des personnes-clés et des éléments parus dans la presse laissent entendre que ce serait une compagnie israélienne qui en serait à l’origine (il existe aussi l’hypothèse de hackers indépendants). Quant au montant, on parle de 900 000 à 1,3 million de dollars.

Selon nos confrères, les trois médias n’ont pas la possibilité de faire appel du jugement.

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