Les nouvelles technologies risquent-elles de porter atteinte à la liberté des agriculteurs ? Le site Reporterre rapporte que deux éleveurs bio de Mévouillon, dans la Drôme, seront entendus le 27 mai prochain par le tribunal administratif de Grenoble, pour faire reconnaître un droit à ne pas équiper leurs brebis de puces RFID.
Suite à un contrôle de l'Agence de services et de paiement (ASP), qui a notamment en charge la bonne application des normes qui déterminent les conditions d'accès aux aides agricoles, l'élevage avait été sanctionné de pénalités financières d'un total de 12 000 euros. L'ASP lui reproche de ne pas avoir respecté la réglementation qui impose l'insertion d'une puce d'identification électronique sur toutes les ovins et caprins nés après 2010, pour assurer leur traçabilité.
"Refusant de pucer le vivant, les brebis n’étaient identifiées que par une seule boucle non électronique à l’oreille", précisent les deux agriculteurs, dont l'action est soutenue par différentes organisations, dont la Confédération paysanne. Les deux éleveurs ont décidé de demander l'annulation de la sanction au tribunal administratif de Grenoble, et espère obtenir une victoire importante pour l'avenir des petits élevages.
La technologie, pour quoi faire ?
"Comme bon nombre d’éleveurs (ses) en France et en Europe, nous refusons l’obligation de l’identification électronique, prémices d’une industrialisation des pratiques de l’élevage telles que le génotypage, les vaccinations obligatoires aussi dangereuses qu’inutiles et l’interdiction de l’utilisation de plantes médicinales à usage vétérinaire", expliquent-ils. Comme avec la médecine personnalisée pour les hommes, qui pourrait aller jusqu'à l'insertion d'implants sous-cutanés pour la captation de données médicales en temps réel, voire pour la délivrance de médicaments micro-dosés, les éleveurs craignent les dérives auxquelles aboutir l'identification numérique des animaux.
"Le système actuel d’identification (une boucle classique à chaque oreille) assure une traçabilité amplement suffisante et notre travail se verra alourdi d’une contrainte informatique inutile et coûteuse", affirmait le collectif des éleveurs de la Drôme dans une tribune publiée en début d'année. "Si nous ne croyons pas à l’intérêt de cette mesure pour l’élevage, nous ne doutons pas qu’imposer l’usage de gadgets électroniques à toute une profession ouvrira un marché fort intéressant à l’industrie des nanotechnologies, particulièrement bien implantée en France".
Plus globalement, ajoutaient-ils, "nous avons de profondes inquiétudes sur l’avenir d’une société qui puce de plus en plus largement les êtres vivants et qui ne voit de salut que dans toujours plus de technologie".
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