Il y a un an presque jour pour jour, était publié l'avis du Conseil National du Numérique (CNNum) sur l'enseignement de l'informatique en France, qui applaudissait chaleureusement les conclusions d'un rapport de mai 2013 (.pdf) de l'Académie des Sciences. "L’enseignement de l’informatique dans notre système éducatif permet non seulement de prévenir une exclusion numérique massive en France, mais il est aussi indispensable pour la compétitivité de nos entreprises, pour le développement de l’emploi, pour former des compétences indispensables sur les nouveaux marchés futurs", affirmait le CNNum.
Le Conseil demandait à l'Etat de tout mettre en oeuvre pour "généraliser d’ici trois ans l’enseignement de l’informatique depuis l’Ecole jusqu’au lycée".
Un an plus tard, la députée UMP Laure de La Raudière vient de déposer sur le bureau de l'Assemblée Nationale une proposition de loi "visant à rendre obligatoire l’enseignement du codage informatique à l’école". Très court, le texte se contente d'un seul article (le second n'est qu'un artifice juridique nécessaire pour éviter une censure du Conseil constitutionnel), pour modifier ainsi l'article L121-1 du code de l'éducation, qui fixe les objectifs généraux de l'enseignement public (nous mettons en gras ce qui serait nouveau) :
Article L121-1 – Les écoles, les collèges, les lycées et les établissements d'enseignement supérieur sont chargés de transmettre et de faire acquérir connaissances et méthodes de travail. Les objectifs prioritaires assignés aux écoles sont l’apprentissage de la langue française, la maîtrise de la lecture, de l’écriture, l’utilisation des mathématiques et l’apprentissage du code informatique. Ces savoirs doivent impérativement être acquis lors de l’entrée au collège. Ils contribuent à favoriser la mixité et l'égalité entre les hommes et les femmes, notamment en matière d'orientation. Ils concourent à l'éducation à la responsabilité civique et participent à la prévention de la délinquance. Ils assurent une formation à la connaissance et au respect des droits de la personne ainsi qu'à la compréhension des situations concrètes qui y portent atteinte. Ils dispensent une formation adaptée dans ses contenus et ses méthodes aux évolutions économiques, sociales et culturelles du pays et de son environnement européen et international. Cette formation peut comprendre un enseignement, à tous les niveaux, de langues et cultures régionales. L'éducation artistique et culturelle ainsi que l'éducation physique et sportive concourent directement à la formation de tous les élèves. Dans l'enseignement supérieur, des activités physiques et sportives sont proposées aux étudiants. Les écoles, les collèges et les lycées assurent une mission d'information sur les violences et une éducation à la sexualité.
"L’apprentissage du codage est essentiel", assure Laure de la Raudière dans les motifs de sa proposition de loi. "À l’ère du numérique, si nous voulons que nos jeunes passent de simples usagers de l’Internet, à acteur de la société et de l’économie numérique, la compréhension de l’informatique est la clé d’accès au monde numérique et aux opportunités professionnelles qu’il ouvre".
Programmer pour se libérer
Pour la députée, coder c'est devenir libre. "Ne pas subir l’informatique, mais la maîtriser, c’est la chance qui serait offerte aux élèves français si cet apprentissage était enseigné de manière obligatoire dans chaque école de France (…) Faire de nos enfants, grâce à l’enseignement qu’ils auront reçu, des femmes et des hommes libres, voilà l’objectif qui doit être assigné à l’école".
L'apprentissage obligatoire de la programmation reste cependant un sujet très débattu. La semaine dernière, le créateur de Linux Linus Torvalds a ainsi jeté un pavé dans la mare en se prononçant contre la programmation à l'école, jugeant que ça devait rester une spécialité au même titre que la plomberie ou le pilotage d'un avion. "Je ne crois pas que tout le monde doit nécessairement essayer d'apprendre à coder. Je pense que c'est assez spécialisé et personne ne s'attend vraiment à ce que la majorité des gens le fasse", a-t-il expliqué. "Ce n'est pas comment savoir comment lire et écrire et faire des opérations mathématiques de base".
En France, selon des statistiques Eurostat de 2012 10,2 % des individus déclarent avoir déjà développé un logiciel en utilisant un langage de programmation quelconque (ce qui peut n'être que quelques lignes de BASIC à l'école ou de HTML chez soi). Le record européen est détenu par la Finlande, avec 23,4 % des habitants qui ont déjà écrit un logiciel :
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