Ce lundi 16 octobre se tient le procès de Telegram en Russie. Le géant de la communication chiffrée affronte une menace de blocage dans son marché natal tandis que la Russie joue son autorité en matière de lutte contre le chiffrement. À la clé de cette procédure : l’avenir de la messagerie mais également un signal politique fort pour la Fédération.

Pavel Durov a déjà cédé aux premières menaces du Roskomnadzor : il avait enregistré au registre de l’agence gouvernementale de surveillance des télécommunications son application de messagerie suite à l’insistance du gouvernement.

Ce qui s’apparentait à une formalité était en fait un premier pas vers une mise en légalité de la messagerie chiffrée en Russie à la suite des nouvelles lois anti-terroristes, défavorables au chiffrement. Pavel Durov, fondateur du service, tenait à clarifier sa position face au Roskomnadzor : s’il rejoignait bien le registre de l’agence, il ne comptait pas remettre les clefs de chiffrement au gouvernement russe.

Aujourd’hui, la situation est plus complexe pour la très populaire messagerie Telegram. Le gouvernement et la justice ont entamé le processus rapide qui pourrait conduire à un bannissement définitif de l’application.

Un procès qui pourrait permettre un blocage rapide

Ce lundi 16 octobre se tient à Moscou le procès de la firme engagé par le FSB, les services secrets russe. Après le refus de Durov de livrer des correspondances déchiffrées aux services, ces derniers ont lancé la machine juridique qui peut aboutir au blocage de la messagerie.

Risquant 800 000 roubles d’amende et une remise en question de son accès au marché Russe, Durov a promis de s’entourer d’une équipe de juristes spécialisés pour défier le gouvernement. Ce matin même, il expliquait à TASS que la demande du FSB pourrait contrevenir à la Constitution russe.

Voie ferrée moscovite, 2016 // CC. Gennady Grachev

Voie ferrée moscovite, 2016 // CC. Gennady Grachev

Toutefois, le législateur semble avoir entériné les nouvelles procédures de contrôle du chiffrement et des données en Russie. Le refus de Telegram rentre bien dans le nouveau champ d’action des pouvoirs publics et, comme le résume Meduza, d’ici à la fin novembre 2017, le gouvernement pourra légalement bloquer la messagerie grâce à son refus.

En effet, la justice russe doit avertir la firme logée à Londres de sa conclusion le 1er novembre. Telegram disposera ensuite de 10 jours pour consulter et appréhender sa sanction avant que, le 12 novembre, le Roskomnadzor entre en scène pour avancer vers une coopération entre l’Etat et l’entreprise. Si cette négociation échoue, la Russie pourra dès le 27 novembre décider unilatéralement d’un blocage de Telegram. Techniquement, il sera ensuite impossible de se connecter au service depuis les FAI russes.

La Russie tiendrait là une victoire symbolique contre les géants du web. En forçant Telegram ou en le coupant, la Fédération prouverait sa détermination à appliquer sa politique autoritaire concernant le chiffrement et la surveillance des données des citoyens russes. Pour Durov, ce serait une défaite tout aussi symbolique alors qu’il représente une élite russe réfugiée à l’étranger à cause de ces mêmes politiques. Et il perdrait là un marché important pour son application avant tout russophone.

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