A une autre époque et dans un contexte autrement plus grave, Jacques Chirac avait dit que "notre maison brûle et nous regardons ailleurs, et nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas". C'est aussi le sentiment qu'ont beaucoup de techniciens des télécoms, qui s'inquiètent de voir que rien n'est fait alors que le monde court à la pénurie totale d'adresses IPv4.
Elles sont déjà arrivées à épuisement en Asie (depuis 2011), en Europe (depuis 2012), et en Amérique du Sud (depuis 2014). Si les industries des télécoms ne font pas très rapidement les efforts nécessaires pour migrer leurs infrastructures vers le protocole IPv6, c'est la possibilité de connecter entre elles les machines, et donc le développement-même d'Internet, qui est menacée. Or pour le moment, les incantations politiques n'ont aucun effet et les investissements se font rares.
C'est donc une solution radicale que proposent près d'une trentaine de députés UMP qui ont cosigné la proposition de loi de la députée Laure de La Raudière. Elle est simplissime. "À compter du 30 juin 2015, tous les périphériques destinés à recevoir une connexion internet, lors de leur mise en vente par un professionnel à un particulier ou à un autre professionnel, devront être adaptés à la norme IPV6 de façon native", dit le texte qui propose de modifier en ce sens le code des postes et communications électroniques.
Un enjeu aussi pour la neutralité du net
Dans ses motifs, Laure de La Raudière rappelle que "dès le milieu des années 90, les spécialistes envisageaient la saturation du réseau et l’épuisement des 4 milliards d’adresses IPv4" disponibles, et qu'au lieu de réaliser une transition logique vers l'IPv6 qui permet un nombre virtuellement illimité d'adresses IP, les opérateurs ont mis au point des techniques de translation très problématiques.
C'est même à se demander si ces problèmes ne seraient pas souhaités par les opérateurs pour avoir un nouveau moyen de violer la neutralité du net. "Les blocs publics d’adresses restantes en protocole IPv4 devenant une ressource rare, la manière dont les fournisseurs de services Internet géreront leur conservation via le partage d’adresses CGN-IPv4 pourrait un impact majeur sur la distribution d’application web, sur la qualité de l’expérience de l’utilisateur final et sur l’innovation en matière d’application", prévient la députée, elle-même ingénieur télécoms.
D'où l'idée de leur forcer la main avec un projet de loi qui obligerait les équipementiers à ne plus vendre que des terminaux, serveurs ou routeurs compatibles nativement avec IPv6, sans utiliser de techniques de translation.
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