À l'image des rapports de transparence que publient régulièrement Google, Facebook, Twitter, Yahoo ou encore Apple, la fondation Wikimédia a décidé à son tour de communiquer plus précisément sur les demandes qu'elles reçoit régulièrement de la part des autorités. Cette publication, une première dans l'histoire de l'organisation, sera répétée chaque semestre.
Les données regroupées dans le rapport concernent surtout deux scénarios : dans le premier, les gouvernements cherchent à identifier des titulaires de compte en sollicitant l'encyclopédie pour obtenir des précisions sur eux ; dans le second, les requêtes visent à obtenir la suppression de certains contenus. Cette suppression peut prendre la forme d'un retrait d'une information ou, à défaut, sa modification.
Sans surprise, les demandes reçues par Wikimédia proviennent des quatre coins du globe, même si ce sont les pays occidentaux qui sont nettement à l'origine de la majorité des requêtes. Outre les États-Unis, qui font très largement la course en tête, les pays les plus actifs sur ce terrain sur la période juillet 2012 – juin 2014 sont le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et l'Italie.
Identification d'internautes
Dans le cas de la France, Wikimédia indique qu'un total de 5 requêtes a été enregistré sur ces deux dernières années (4 informelles et non-gouvernementales, 1 étant informelle et gouvernementale). Aucune information n'a été livrée. Sur l'ensemble des pays mentionnés, la fondation n'a rien fourni, sauf dans le cas des USA, dans des affaires judiciaires.
Altération du contenu
Du côté des sollicitations impliquant de modifier ou supprimer du contenu, la France a émis au total 25 requêtes entre juin 2012 et juin 2014. Elle se classe ainsi en quatrième position derrière les USA, le Royaume-Uni et l'Allemagne. En cumulant les notifications venues de tous les pays, la fondation a dû en traiter 304 sur deux ans. Pas une seule n'a été suivie d'effet.
Wikimédia est peu sollicité
Par rapport à certaines sociétés, Wikipédia reçoit vraiment très peu de demandes. Google et Facebook sont par exemple beaucoup plus sollicités par les autorités, parce que ces derniers collectent beaucoup plus d'informations sur les internautes. La fondation, elle, n'a pratiquement besoin de rien, si ce n'est l'adresse IP du contributeur qui sera conservée pendant 90 jours.
Autrement dit, les projets gérés par la fondation Wikimédia ne constituent pas des silos à données personnelles très intéressants pour les autorités, même si ces dernières ne s'interdisent pas quand même d'intervenir si elles le jugent nécessaire.
Wikipédia / DCRI
Dans le cas de la France, le cas le plus spectaculaire a sans doute été celui de l'affaire DCRI / Wikipédia. La découverte d'un article dédié à la station hertzienne militaire de Pierre-sur-Haute n'a en effet pas plu au service de renseignement français (désormais devenu la DGSI), puisque ce dernier a cherché à censurer certains passages.
En effet, cette station est considérée comme stratégique car elle pourrait servir de relais si jamais l'ordre d'une frappe nucléaire était donné par le président de la République. Pour la DGSI, la sécurité nationale était en jeu. N'ayant pas réussi à convaincre le service juridique de la fondation Wikimédia de barbouiller la page, les agents ont alors procédé autrement.
La DGSI a ciblé un responsable de Wikimédia France ayant une certaine surface médiatique (en l'occurrence, le président de Wikimédia France) pour ensuite le convoquer et lui demander d'obtenir la suppression des informations demandées, quitte à l'impressionner pour qu'il s'exécute plus volontiers, et alors même que celles-ci se basent sur des informations publiques.
Évidemment, l'affaire a pris au final une toute autre tournure.
L'article, qui était jusqu'à cette date complétement ignoré des internautes, est devenu l'une des pages les plus populaires de l'encyclopédie pendant plusieurs semaines. Les modifications visant à enrichir le sujet se sont multipliées, permettant à la page d'être encore plus documentée, avec de nombreuses sources, tandis que l'article lui-même a été adapté dans 32 autres langues.
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