À l’approche de son audition devant le Congrès, Facebook a détaillé la portée des publicités d’influence russe diffusées notamment pendant la campagne présidentielle de 2016. Elles ont été vues par au moins 126 millions d’utilisateurs Facebook, soit plus de la moitié des membres américains du réseau social.

C’était l’un des principaux arguments invoqués par Facebook pour minimiser la portée des publicités ciblées d’influence russe diffusées sur sa plateforme — notamment — pendant l’élection présidentielle américaine de 2016 : elles auraient touché relativement peu d’utilisateurs, et auraient donc eu un impact limité malgré les 100 000 dollars dépensés par leurs diffuseurs.

Mais le réseau social s’apprête lui-même à souligner la fragilité de cette défense en révélant au Sénat, lors de son audition du 1er novembre, que plus de 126 millions d’Américains ont été exposés à ces publications volontairement trompeuses ou porteuses d’un message politique clivant entre janvier 2015 et août 2017. C’est ce que révèle le New York Times, qui a pu prendre connaissance des chiffres déjà communiqués par Facebook au Sénat.

Ces plus de 126 millions de membres exposés représentent plus de la moitié des 213 millions d’utilisateurs actifs de Facebook aux États-Unis, et 40 % de la population américaine. Un chiffre loin d’être anecdotique — même si l’impact concret des publicités sur les électeurs potentiels reste évidemment difficilement quantifiable — alors que les estimations réalisées jusque-là avoisinaient au maximum les 70 millions d’utilisateurs.

Facebook

CC Marcin Wichary

Plus de 80 000 publications

Dans le détail, Facebook indique que l’Internet Research Agency, la « ferme à trolls » russe derrière cette campagne, a publié environ 80 000 contenus entre janvier 2015 et août 2017, qui ont été vus par 29 millions de personnes mais ont au total touché 126 millions d’utilisateurs grâce aux « j’aime », partages et autres interactions suscitées par ces messages politiques, garantissant leur viralité.

Colin Stretch, conseiller juridique de Facebook, reconnaît que ces publications « très perturbantes » représentaient une « tentative trompeuse de diviser les [utilisateurs] » en mettant notamment l’accent sur la religion, les tensions ethniques, l’immigration, la législation sur les armes ou encore sur la communauté LGBT. Le Wall Street Journal révèle pour sa part que les faux comptes russes créés sur Facebook ont financé ou promu au moins 60 événements organisés sur le sol américain avant et après l’élection.

La révélation de ces chiffres n’empêchera pas Facebook de continuer à invoquer de nouveau son argument sur la portée « minime » des publications, en comparaison avec le nombre colossal d’éléments qui défilent chaque jour dans le fil d’actualité de ses 2 milliards d’utilisateurs.

Si l’affaire russe concerne uniquement, à ce stade, les utilisateurs américains de Facebook, un député britannique a appelé Facebook à livrer tous les détails entourant une possible campagne d’influence russe menée avant le vote du Royaume-Uni sur le Brexit, en 2016, et les élections législatives de 2017.

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