Révélés par Edward Snowden, les programmes de surveillance de masse sont désormais connus de tous. Depuis un an, ils ont été à l'origine de nombreux débats de fond, dont certains ont abordé la dérive progressive des sociétés modernes vers l'espionnage généralisé ou encore la capacité qu'ont les technologies de l'information et de la communication à avoir accès à la vie privée des individus.
Conséquences en cascade
Mais l'impact des révélations d'Edward Snowden ne se limite pas à discuter des contours de Big Brother, de la nécessité de les encadrer plus fermement ou d'en réduire le périmètre. D'autres conséquences sont en train d'apparaître, à l'image de l'existence probable d'un nouveau lanceur d'alerte au sein du pouvoir américain, vraisemblablement inspiré par les actions de l'ex-agent gouvernemental.
À en croire Anne Neuberger, qui est l'assistante spéciale auprès du nouveau directeur de la NSA, l'amiral Michael S. Rogers, la publication régulière de nouveaux faits d'espionnage poserait aussi des problèmes de recrutement pour l'agence de sécurité nationale. Un certain nombre de techniciens et d'ingénieurs a en effet été très marqué par les révélations d'Edward Snowden.
Agacement chez des hackers et des ingénieurs
On se souvient par exemple du mouvement d'humeur de deux ingénieurs en charge de la sécurité chez Google qui avaient invité la NSA à "aller se faire foutre" ou encore la décision de l'IETF qui a annoncé sa mobilisation contre la surveillance du réseau et appelé à tout chiffrer pour contrarier les projets de la NSA. Dans un autre registre, les organisateurs de la DEF CON ont demandé l'exclusion des agents américains.
Selon Anne Neuberger, l'agence pourrait rencontrer des difficultés à recruter de bons spécialistes et avoir plus de mal à suivre l'évolution technologique. Selon elle, il faut "reconstruire la confiance" pour continuer à attirer les meilleurs dans leur domaine. Cette situation affecterait même le personnel. "Notre propre main-d’œuvre est démoralisée. Nos programmes sont réduits", a-t-elle affirmé.
Et les mathématiciens ?
Les problèmes manifestement rencontrés par la NSA avec certains techniciens et ingénieurs pourraient aussi se retrouver du côté des mathématiciens, qui sont particulièrement recherchés par les services de renseignement occidentaux pour leur capacité à travailler sur le déchiffrement des communications sur Internet, mais aussi pour élaborer de modes de chiffrement des données.
Ce printemps, une tribune publiée dans la revue anglophone New Scientist par le mathématicien Tom Leinster, de l'université d'Edimbourg est allée justement dans ce sens. Ce dernier a en effet invité ses confrères à ne pas collaborer avec les services secrets occidentaux, considérant qu'une telle coopération devient socialement inacceptable.
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